Violences d’État : 15 livres, films et podcasts pour mieux les comprendre
Politis propose des suggestions d’œuvres récentes ou plus anciennes pour décrypter comment se manifeste l’oppression des pouvoirs en place, notamment la brutalité des forces de l’ordre, et raconter le combat des victimes pour obtenir vérité et justice.
dans l’hebdo N° 1777 Acheter ce numéro
Au théâtre, au cinéma et dans les librairies, le thème des violences d’État sous toutes leurs formes, ici et ailleurs, aujourd’hui comme hier, et en particulier celui des violences policières, a été beaucoup traité. Preuve de l’engagement de certains artistes comme de la volonté, pour les universitaires, de dépeindre le plus fidèlement possible cette brutale réalité. Politis vous aide à y voir plus clair parmi les œuvres les plus récentes, outre des références plus anciennes mais tout aussi précieuses pour mieux cerner les questions majeures que pose ce phénomène.
Les sorties récentes
Police partout, justice nulle part ? Une enquête au cœur des tribunaux, et de l’injustice que subissent les victimes de violences policières (Massot éditions). L’angle d’Anne-Sophie Simpere est original : l’ancienne chargée de plaidoyer pour Amnesty International ne revient pas sur le détails de chaque violence policière, mais préfère décrire avec minutie « l’après ». La bataille judiciaire, le traitement médiatique, les non-lieux…
Casti : quand l’État mutile, par Aubry, Kotelnikoff-Béart et Aurel (Delcourt / Encrages). Reconstituer par le coup de crayon. C’est tout l’enjeu de cette BD qui retrace l’histoire de Florent Castineira, un supporter de l’équipe de foot de Montpellier. Le 21 septembre 2012, le jeune homme reçoit une ogive de LBD dans l’œil. De là s’ensuivent de longues années de combat.
L’État hors-la-loi : logiques des violences policières, par Arié Alimi (La Découverte). Grâce à son accès direct aux dossiers judiciaires, l’avocat de nombreuses familles et victimes de violences policières examine l’utilisation de la force au plus près. Pour mieux en dégager ses objectifs.
Malika : généalogie d’un crime policier, par Jennifer Yezid (Hors d’atteinte). 1973. Malika, huit ans, est tuée par un gendarme. Cinquante ans plus tard, sa nièce, Jennifer, raconte ce drame en s’intéressant à la manière dont ses conséquences ont atteint son entourage. Elle est, aujourd’hui, la seule survivante de sa famille.
Oasis Love, une pièce mise en scène par Sonia Chiambretto au Théâtre Ouvert à Paris, jusqu’au 30 septembre puis en février 2024 à la Comédie de Caen. Fruit d’un travail de résidence de deux ans à Nanterre en compagnie de jeunes comédiens, la metteuse en scène donne à entendre des voix des quartiers populaires dans leur rapport à la police, et à l’amour.
Les documentaires et les podcasts
Un pays qui se tient sage, de David Dufresne (2020). Pour son premier long-métrage, le journaliste, que l’on retrouve aujourd’hui sur son média indépendant, Au Poste, filme l’étendue des violences policières et des débordements du maintien de l’ordre à la française.
Violences policières : le combat des familles, d’Inès Belgacem (2023). Un récit intime et juste sur ce que les proches des victimes de la police entreprennent pour obtenir, malgré les obstacles, justice et vérité. Un documentaire disponible sur France.tv jusqu’en 2025.
À nos corps défendants, par IanB, du collectif Désarmons-les. Pendant 90 minutes, ce documentaire sensible (disponible sur YouTube) offre une plongée sans concession dans la répression des quartiers populaires, afin de montrer le quotidien de ses habitants et le racisme systémique auquel ils font face.
Mantes-la-Jolie : un an après, par Zoé Pinet et Louise Bugier pour Radio Parleur. Dans l’histoire des violences policières, les chapitres consacrés aux manifestations organisées par les familles occupent une large place. Radio Parleur raconte celle lancée après l’intimidation des forces de l’ordre sur les jeunes lycéens, à Mantes-la-Jolie, le 6 décembre 2018.
Gardiens de la paix, par Ilham Maad, disponible sur Arte. Alex, un policier de Rouen, découvre un groupe WhatsApp créé par ses collègues. Propos racistes, antisémites, sexistes… Voire incitation à la guerre civile : le visage le plus brutal de certains policiers se révèle crûment.
Les incontournables
100 portraits contre l’État policier, par le collectif Cases Rebelles (éditions Sylepse). Les noms défilent, mais que reste-t-il de leurs histoires ? Cet ouvrage recense l’histoire de cent victimes de la brutalité policière.
Flee, de Jonas Poher Rasmussen (2022). Un superbe film d’animation qui raconte les exils tragiques et successifs d’un jeune homosexuel Afghan et les blessures psychiques dont il a été atteint.
Le diable n’existe pas, de Mohammad Rasoulof (2020). Quatre histoires implacables pour raconter la peine de mort en Iran. Le film a été réalisé dans la clandestinité par un cinéaste ayant connu la prison, comme Jafar Panahi, et qui aujourd’hui ne peut toujours pas sortir de son pays.
Une affaire de femmes, de Claude Chabrol (1988). Pendant l’Occupation, Marie (Isabelle Huppert) rend service aux autres en devenant « faiseuse d’anges ». Mais à cette époque, l’avortement envoie à l’échafaud. Chabrol s’est inspirée de l’histoire d’une des dernières femmes guillotinées en France.
L’Aveu, de Costa-Gavras (1970). Tiré du livre d’Arthur London, le film est une dénonciation des tortures infligées par le régime stalinien à un haut responsable communiste tchécoslovaque (Yves Montand) afin qu’il reconnaisse des actes de trahison montés de toute pièce et dénonce des camarades.
Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.
Faire Un Don