Les expériences de Becca Stevens
La chanteuse et guitariste américaine Becca Stevens se produit à Paris. L’occasion d’observer les nouvelles métamorphoses d’une artiste aussi sensible que versatile.
dans l’hebdo N° 1778 Acheter ce numéro
Becca Stevens /en concert le 12 octobre /New Morning / Paris Xe
Il est des souvenirs de concert qui hantent. En 2018, au Winter Jazz Fest de New York, la harpiste et chanteuse française Laura Perrudin fait monter sur scène Becca Stevens, jeune interprète originaire de Caroline du Nord, mais qui depuis plusieurs années s’est imposée dans les clubs de la ville. Laura Perrudin, à la harpe électrique, diffuse ses sons futuristes et Stevens pose sa voix, jouant avec son timbre cristallin et ses intonations douces, flottantes mais toujours précises. Les deux femmes, leurs voix, se cherchent puis entrent en osmose, et l’auditoire du Bitter End, club bruyant du Downtown new-yorkais, plonge dans le silence.
Après cette prestation, Laura Perrudin et Becca Stevens collaboreront à nouveau. En 2021, Stevens figure sur l’album de Perrudin Perspectives and Avatars et, au long de son parcours, la jeune femme multiplie les rencontres avec les artistes les plus audacieux. À son actif, des duos avec le pianiste Brad Mehldau et le trompettiste Ambrose Akinmusire, une participation à l’album d’Esperanza Spalding Radio Music Society en 2012, et un trio avec Gretchen Parlato et Rebecca Martin. Dans toutes ses collaborations, Stevens sait se fondre dans le travail des autres, mettre sa voix au service de leurs compositions et des improvisations dans lesquelles elle ajoute toujours une sensibilité renforcée par ses jeux avec les harmonies.
Musiques américaines revisitées
Le 12 octobre, c’est en meneuse de groupe, à la voix et à la guitare, accompagnée de Chris Tordini à la contrebasse et de Jordan Perlson à la batterie, que Becca Stevens prendra la scène du New Morning. En huit albums, la chanteuse s’est effectivement aussi imposée en leadeuse sachant mêler les multiples genres qui ont fait son éducation musicale. Du jazz qu’elle a pratiqué à l’université aux musiques traditionnelles américaines et celtiques qu’elle interprétait enfant avec sa famille, de la folk qui a bercé son adolescence à la pop, genre particulièrement propice aux envolées retenues de sa voix planante,
Becca Stevens livre une histoire personnelle des musiques américaines revisitée à l’aune de ses envies spontanées et de sa grande rigueur en matière de composition et d’écriture. Au New Morning, la jeune femme a annoncé qu’elle interpréterait de nouveaux titres composés pendant l’été. Une occasion à saisir pour vivre une expérience souvent passionnante : capter un projet en train de se faire et admirer en direct le talent d’une musicienne qui n’a de cesse de remodeler les univers musicaux les plus variés.