RSA, la réforme scandaleuse
L’Assemblée nationale a entériné la semaine dernière la conditionnalité du versement du revenu de solidarité active (RSA) à au moins quinze heures d’activité hebdomadaire. L’amendement du groupe LR, qui durcit ainsi le projet de loi dit « pour le plein-emploi », avait préalablement été accepté par la girouette qui tient lieu de ministre du Travail. En juillet au Sénat, Olivier Dussopt s’était en effet opposé à inscrire dans le texte l’obligation de « 15 à 20 heures d’activité » pour les bénéficiaires du RSA, comme le prévoyait l’étude d’impact de son projet, sans l’inscrire noir sur blanc dans un article. Et pour cause : il sait bien qu’une telle mesure ne pourrait être que progressive et qu’il est impossible de trouver du jour au lendemain ces heures d’activité à quelque 1,89 million d’allocataires.
Cette disposition méconnaît en outre le fait que les bénéficiaires du RSA ne sont pas, pour la plupart, des demandeurs d’emploi. Elle aura pour seul effet de radier les allocataires, comme n’a pas manqué d’alerter la gauche. Idéologiquement, cette vieille marotte de la droite repose sur la conception très Ancien Régime des droits et devoirs qu’Emmanuel Macron a fait sienne. Notons toutefois qu’elle ne s’applique qu’aux « gens qui ne sont rien ». Pour les entreprises, les allègements et exonérations de charges, les subventions de diverses natures, comme la baisse de leurs impôts, dont le total dépasse les 180 milliards d’euros, aucun devoir en retour n’est jamais exigé. Il en va de même pour les cadeaux fiscaux aux plus riches.
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