Au sein de LFI, les « frondeurs » veulent rassembler

Les députés insoumis écartés de la direction de leur mouvement se rapprochent d’autres élus de gauche. Ils pensent à l’avenir mais se creusent surtout la tête pour imaginer l’union sans Jean-Luc Mélenchon.

Lucas Sarafian  • 2 novembre 2023
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Au sein de LFI, les « frondeurs » veulent rassembler
Raquel Garrido, lors d'une journée portes ouvertes à l'Assemblée nationale, le 3 juin 2023.
© Lily Chavance

Ils sont les « frondeurs » pour les insoumis qui les soupçonnent d’ambitions personnelles. Ils deviennent des « constructifs » aux yeux des socialistes et écologistes qui voient en eux de futurs alliés pour construire un nouveau rassemblement sans Jean-Luc Mélenchon. Dans les coulisses de la Nouvelle union populaire, écologique et sociale (Nupes), une petite bande de députés s’est formée. Au cœur de cette microgalaxie, trois élus de Seine-Saint-Denis : Raquel Garrido, Clémentine Autain et Alexis Corbière. Pendant plusieurs années, ils ont été très proches du triple candidat à la présidentielle, avant d’être écartés de la direction de l’appareil insoumis en décembre 2022.

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Depuis, ils ne cessent de faire des vagues au sein de LFI. Manque de démocratie interne, absence de débats sur la ligne politique, omniprésence du tribun pourtant à la tête de l’institut La Boétie… Les trois députés ont multiplié les critiques envers le mouvement auquel ils appartiennent encore. Mais désormais, ils jouent un rôle quelque peu différent : ils s’imaginent en « militants de l’union », selon les mots de Corbière. Une façon de prendre ses distances avec LFI et de se repositionner au cœur du jeu politique en défendant le seul chemin que la gauche doit prendre pour gagner en 2027 selon eux : le rassemblement coûte que coûte. Et sans l’emprise du « clan Mélenchon ».

Jean-Luc Mélenchon qualifie ces députés de petit « quarteron de ‘mécontents de tout‘ ».

« Il n’y a pas de lieu qui permet de réguler les désaccords au sein de la Nupes, de rendre l’union plus inclusive. On n’a pas réussi à fédérer toutes les lignes et tous les partis. Il n’y a pas eu volonté politique pour vraiment faire vivre cette alliance, explique l’un de ces trois députés. Cette union, c’est juste un cadre où tout le monde espère placer ses billes pour plus tard. Trop d’acteurs pensent pouvoir s’en sortir dans cette désunion. » L’analyse passe très mal pour le fondateur de LFI et du Parti de gauche. Dans une de ses récentes notes de blog, l’intéressé qualifie ces députés de petit « quarteron de ‘mécontents de tout’ » qui produit « un bruit de fond devenu ordinaire ». Le groupe LFI au Palais Bourbon a d’ailleurs convoqué Raquel Garrido pour qu’elle s’explique devant les députés David Guiraud et Anne Stambach-Terrenoir.

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Récemment, le petit trio a été rejoint par une voix influente : François Ruffin. Après avoir affirmé dans Le Monde que la prise de position du groupe insoumis à l’Assemblée nationale sur le conflit israélo-palestinien n’était pas « à la hauteur de la gravité des événements » , le député de la Somme ambitionne dans Le Figaro de « préparer la suite » en actant le fait que la présidentielle de 2022 était la dernière campagne de Jean-Luc Mélenchon.

Et les « frondeurs » ne comptent pas s’isoler. Peu importe si les socialistes votent pour un « moratoire » sur l’union et si les communistes veulent « tourner la page » de la Nupes. Cet été, ils se sont donc rapprochés de l’écologiste Julien Bayou, de la communiste Elsa Faucillon et du socialiste Jérôme Guedj. Selon une source du premier cercle d’Olivier Faure, ils seraient aussi en contact avec l’état-major socialiste. « Il est important que des gens issus de tous les partis de la gauche attachés à l’unité et à l’idée d’un fonctionnement collectif se parlent », dit-on parmi les haut gradés socialistes.

Assemblée générale

Même si la petite initiative de ces « unionistes » reste informelle, les partenaires se questionnent sur son objectif. « Ils discutent parce que ça permet de créer des liens et préparer la suite sans savoir ce que ça peut donner, commente un cadre de la Nupes. Est-ce qu’ils lanceront une dynamique unitaire avant ou après les européennes ? Au départ, il était prévu que ça bouge après le mois de juin. Mais peut-être qu’au vu de l’ambiance générale, leur agenda changera. » Veulent-ils fonder un nouveau groupe parlementaire ? Selon un conseiller du groupe insoumis, « ces députés discutent entre eux, peut-être mangent-ils ensemble. Mais ce n’est pas une structure parallèle, ni une organisation interne pour nuire à LFI ».

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Certains « frondeurs » évoquent déjà la constitution d’une équipe qui réunirait toute la gauche pour 2027. Mais en attendant, ils tentent de recréer des liens qui se sont brisés entre les partenaires de la Nupes. « Les 150 députés ont été élus avec le même programme et le même label qui incarne une stratégie de rassemblement. Nous devons être fidèles à ce mandat. Défendre le programme, ensemble », défend Raquel Garrido, qui soutient l’idée née dans le cerveau de certains écologistes : une assemblée générale de tous les députés de la Nupes. Reste à savoir si cette solution résoudra tout…

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