« Chronicles of a Diamond », une grammaire soul revisitée
Les Black Pumas réussissent un deuxième album de soul-funk chaude et puissante.
dans l’hebdo N° 1783 Acheter ce numéro
Chronicles of a Diamond / The Black Pumas / Pias.
L’histoire des Black Pumas est celle d’un guitariste et producteur, Adrian Quesada, connu pour sa participation à plusieurs groupes de latin funk, qui cherchait un chanteur aimant autant Neil Young et Sam Cooke pour ajouter une voix à ses compositions instrumentales. Le candidat retenu a été un certain Eric Burton, qui a grandi en Californie dans la vallée de San Fernando et fait ses classes en chantant dans la rue et les églises de Los Angeles, dans la grande tradition des chanteurs soul. Il en a gardé une ampleur et une profondeur qui s’entendent particulièrement sur ce deuxième album dans un morceau comme « Angel » (voir vidéo en fin d’article), porté par une guitare acoustique et magnifiquement secondé par les deux choristes et un orgue qui rougeoie doucement. Il n’est pas rare par ailleurs que l’excitation du rythme le pousse dans les aigus. Burton tient également la guitare rythmique et, sur scène, se révèle un showman hors pair.
Sous le nom de Black Pumas, le duo ainsi formé s’est installé à Austin, au Texas, sur les terres de Quesada, et a sorti en 2019 un premier album très remarqué et immédiatement propulsé aux États-Unis dans la liste des nominations aux Grammys dans la catégorie « meilleur nouvel artiste ». Les Black Pumas se sont même retrouvés à participer au show télévisé « Celebrating America », aux côtés notamment de Bruce Springsteen et des Foo Fighters, au moment de l’investiture de Joe Biden.
Luxuriance sonore
Au premier abord, on peut s’étonner d’un duo œuvrant dans cette catégorie musicale qui ne s’accommode guère de minimalisme mais appelle au contraire une luxuriance sonore faite de superpositions, accumulations et mélanges sonores. Mais les deux compères sont bien entourés, en studio et sur scène, accompagnés d’une puissante section rythmique, de plusieurs claviers et de chœurs féminins. Reste que c’est bien la combinaison Burton-Quesada qui donne le ton, la voix de l’un et la guitare de l’autre, dont les envolées, variant les couleurs suivant les compositions, amènent peut-être un peu abusivement certains commentateurs à évoquer une touche psychédélique.
Les Black Pumas s’inscrivent dans une tendance actuelle de la soul qui reprend la grammaire des classiques sans se sentir obligée d’y adjoindre quelque élément de modernité puisé dans le R’n’B ou le rap. Leur inspiration vient à l’évidence de cette soul des années 1970, lentement contaminée par la montée en puissance du funk et du rock. La recette qu’ils en tirent, caractérisée par un son chaud et énorme qui emporte comme une immense vague, est irrésistible.