« iViV », le tissage et métissage d’Oriane Lacaille
La chanteuse et multi-instrumentiste sort son premier album solo, orienté vers un folk hybride à forte coloration créole.
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Née d’une mère métropolitaine et d’un père réunionnais, l’accordéoniste René Lacaille (musicien iconique de « l’île intense »), Oriane Lacaille a grandi – en Haute-Savoie – au confluent de deux cultures dans une famille résolument ouverte sur le monde. Ayant taquiné très tôt divers instruments tout en rêvant de devenir chanteuse, elle a intégré le groupe paternel durant son adolescence en tant que choriste et percussionniste.
iviv / Oriane Lacaille / Ignatub
Jeune adulte, Oriane a pris son envol en s’engageant successivement dans deux duos adeptes d’un pimpant nomadisme musical, Titi Zaro – avec Coline Linder – puis Bonbon Vodou – avec Jérémie Boucris, alias JereM. Elle s’est ensuite encore un peu plus émancipée et affirmée comme autrice-compositrice-interprète en se lançant dans un projet solo, sous l’aile bienveillante du délicat troubadour Piers Faccini, dont le folk fureteur butine volontiers dans d’autres continents sonores. La musicienne a ainsi fait paraître en avril 2022 un EP chez Beating Drum, le label de Faccini, dans la collection « Hear My Voice », dévolue précisément aux nouvelles voix. On peut y entendre quatre ballades légères et buissonnières – deux chantées en français, deux en créole –, dans la veine d’un folk voyageur aux riches nuances percussives, le tout laissant présager un avenir plutôt souriant à son autrice.
Nouveau cap symbolique en cet automne 2023 : Oriane Lacaille publie son (superbe) premier album sous son nom, judicieusement intitulé iViV – « ça vit » en créole. Jonglant entre percussions, ukulélé et aouicha (guitare d’origine gnawa arrivée à La Réunion dans les années 1970-1980), elle orne par ailleurs ses chansons – aux paroles en créole, français ou anglais – de sa belle voix aérienne. Héloïse Divilly (batterie) et Yann-Lou Bertrand (contrebasse, trompette, flûte) l’accompagnent tandis que plusieurs invité·es apportent de notables contributions, dont Piers Faccini, Leyla McCalla – qui apparaît à divers égards comme sa cousine d’outre-Atlantique – et René Lacaille. Distillant un frémissant folk chamarré, teinté en particulier de créolité, l’album véhicule un ardent éloge du métissage culturel.