Quand le monde crie famine !
Le fléau de la faim dans le monde s’apparente à une fatalité : intemporel, indépassable et apolitique. Alors que la faim gagne de nouveau les pays européens, convaincus jusqu’alors de s’en être prémunis, Politis interroge dans son hors-série les choix politiques qui ont conduit à cette situation. À retrouver en kiosques et en ligne.
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Cette année, selon les Nations unies, près d’un milliard d’êtres humains ont souffert de la faim dans le monde. Et sur les près de huit milliards d’habitants de la planète, plus de trois milliards n’ont pas eu accès à une alimentation saine, générant ainsi des retards de croissance, des maladies chroniques, des carences ou de l’obésité. La malnutrition est d’ailleurs l’une des principales causes de mortalité, notamment infantile, dans de nombreux pays du monde. Ces chiffres ne cessent de progresser à mesure que les désordres du monde liés aux guerres – le blocus de Gaza par Israël en est l’illustration tragique –, au réchauffement climatique ou aux crises sociales et économiques s’enracinent et s’étendent sur toute la surface du globe. Si l’Afrique de l’Est et le Sahel central concentrent sans doute l’une des situations les plus alarmantes en termes d’accès aux ressources les plus élémentaires que sont l’eau et l’alimentation, les pays riches n’échappent désormais plus à ce que l’on croyait ne plus être un problème : la faim !
En France, les associations sont submergées. Les files d’attente devant les points de distribution alimentaire pour obtenir son panier-repas sont interminables. À la longue liste des étudiants, des retraités, des précaires et des travailleurs pauvres, des mères isolées, des sans-papiers, sans-emploi, sans-logement, s’ajoutent désormais des cadres, des employés et même des fonctionnaires. Ce que le sociologue et philosophe Robert Castel avait théorisé il y a bientôt trente ans autour de ce qu’il appelait la « déstabilisation des stables », dans Les Métamorphoses de la question sociale (Fayard, 1995), s’illustre désormais pleinement au plus près de nous.
Pendant ce temps-là, les richesses produites à travers le monde n’ont jamais été aussi élevées.
Pendant ce temps-là, les richesses produites à travers le monde n’ont jamais été aussi élevées. Et les aides publiques aux milliardaires n’ont jamais été aussi massives. Oxfam estime que ces derniers ont gagné 2,7 milliards de dollars par jour depuis 2020, grâce à l’intervention publique. Toujours selon Oxfam, les 1 % les plus riches ont capté 63 % des richesses produites. Les inégalités, générées par la concentration des richesses, restent donc l’un des principaux nœuds du problème. Inégalités d’accès aux ressources : eau, alimentation, terres cultivables. Inégalités de genre aussi : les femmes sont les plus vulnérables. Tout le système de la production et de la distribution alimentaires est à revoir. Le covid-19 mais aussi la guerre entre l’Ukraine et la Russie – deux des plus gros exportateurs de blé au monde – nous ont ouvert les yeux sur la dépendance des pays importateurs de matières premières.
Ce numéro spécial de Politis, à retrouver en kiosques, sur notre boutique et sur le site, dresse ainsi un état des lieux de la production alimentaire, de ses aberrations sanitaires, économiques et écologiques, tout en explorant les alternatives qui s’imposent autour des questions de souveraineté alimentaire, de sécurité sociale alimentaire ou, à l’échelle plus locale, autour d’expériences de jardins partagés et de cantines solidaires.
Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.
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