Handball : des championnes du monde aux vraies couleurs de la France
Sacrées championnes du monde dimanche face à la Norvège, les Bleues du handball sont les fières représentantes d’une nation qui devrait s’enorgueillir de ses riches histoires migratoires.
Fâcheuse coïncidence de calendrier, qui creuse encore un peu plus l’ornière symbolique dans laquelle s’est fourré le gouvernement : c’est aujourd’hui 18 décembre, Journée internationale des migrants, que la commission parlementaire mixte se réunit pour s’accorder sur son projet de loi immigration. L’ONU a choisi cette date pour commémorer la Convention internationale sur « la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille », alors que les tractations entre le camp présidentiel et Les Républicains, décisives pour l’avenir du projet de loi, ne promettent qu’un durcissement écœurant des conditions d’accès au territoire français… « pour tous les travailleurs migrants et [les] membres de leur famille ».
Les tweets crépitent pour saluer une performance majuscule. Marine Le Pen n’est pas en reste.
La veille, l’équipe de France féminine de handball remportait une brillante victoire contre l’hégémonique Norvège pour décrocher le titre de championne du monde. Les tweets crépitent pour saluer une performance majuscule, acquise de très belle manière. Marine Le Pen n’est pas en reste, qui souligne notamment « un esprit d’équipe exemplaire ». Une équipe France dont une moitié des joueuses portent, par leur nom et la couleur de leur peau, l’histoire d’une migration familiale. Grâce Zaadi (Cameroun), Pauletta Foppa (Cameroun), Hatadou Sako (Sénégal), Estelle Nze Minko (Gabon), Tamara Horacek (Croatie), Oriane Ondono (Congo), Adja Ouattara (Côte d’Ivoire).
Leur joie et leur spontanéité, leurs embrassades multicolores au coup de sifflet final sont autant source de bien-être collectif que leur victoire, dans ce climat d’aigreur touillé par la classe politique actuellement aux manettes, et qui voit en puissance dans « le migrant » un illégal, un délinquant, un profiteur de protection sociale, un fabricant « d’appel d’air ». Pour qui ressentirait la nécessité franchouillarde de le vérifier, toutes « nos » championnes ont chanté « La Marseillaise », la main sur le cœur et, pour certaines, l’œil humide.
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