« Pourquoi nous ne voulons pas des nouveaux OGM »
TRIBUNE. Deux députées européennes LFI, Marina Mesure et Manon Aubry, tirent l’alerte sur la possible autorisation par l’Union européenne de nouvelles techniques génomiques, contre lesquelles il est crucial de se battre « pour les agriculteurs, les consommateurs et la protection de nos ressources biologiques ».
Ce lundi 11 décembre, face à un calendrier trop rapide au regard de l’ampleur et de la technicité du sujet des nouvelles techniques génomiques, les 27 ministres européens de l’Agriculture ont échoué à adopter une orientation générale sur le texte. Et tant que le Conseil ne s’accorde pas, le vote au Parlement est bloqué. Face à cette situation, nous devons nous mobiliser afin de sauver l’agriculture européenne de ces nouveaux OGM.
L’agriculture européenne fait aujourd’hui face à de nombreux défis : la souveraineté alimentaire, la sauvegarde des ressources agricoles et de la biodiversité, la nécessité de bannir les pesticides, la protection de l’agriculture européenne et des agriculteurs…
Tant de problèmes que les dirigeants européens prétendent solutionner avec l’introduction des nouveaux OGM dans nos champs. Pourtant, ces nouveaux OGM diffèrent très peu des OGM classiques : ces nouvelles méthodes se font sans introduire un nouveau gène dans la plante mais elles sont toujours génétiquement modifiées. Ces nouvelles techniques ne sont pas anodines : elles modifient en profondeur le code génétique de la plante, sans penser aux conséquences majeures sur l’avenir.
Avec ces nouvelles techniques génomiques, nous courons droit à la catastrophe.
Nous devons garder une vigilance absolue car il est impossible de prédire toutes les conséquences de ces modifications. Nous savons qu’elles causent des effets indésirables, comme des cicatrices sur le génome et rendent l’ADN des plantes de plus en plus long, alors même que nous avons aujourd’hui besoin de protéger et restaurer la nature et la biodiversité.
De surcroît, nous n’avons aucun historique sûr sur lequel nous reposer, et les connaissances en matière de nouveaux OGM restent à un état primitif. Plusieurs études pointent déjà du doigt les effets perturbateurs sur les écosystèmes et le phénomène inévitable de contamination. Ce phénomène mettrait en danger des millions d’agriculteurs, qui ne pourront pas prouver qu’ils n’ont pas utiliser ces nouveaux OGM brevetés et qui verront leurs champs contaminés par des OGM contre leur gré.
Pourtant, les dirigeants européens n’ont même pas pris la peine d’introduire un principe de précaution, ni même une évaluation de sécurité ou des risques encourus dans le cas d’une application à l’échelle européenne. Le rapport ne prévoit ni d’analyse au cas pas des techniques génomiques proposées, ni de mécanisme de révocation. En clair, aucun contrôle avant le plongeon dans l’inconnu.
Avec ces nouvelles techniques génomiques, nous courons droit à la catastrophe : les conséquences seront complexes, multiples et durables. Premièrement, les consommateurs n’auront aucun moyen de savoir ce qu’ils consomment, puisque le rapport ne prévoit aucune traçabilité ni étiquetage, contrairement aux OGM « classiques » très réglementés. De plus, les agriculteurs risqueront contre leur gré d’avoir leurs semences génétiquement modifiées en raison de la pollinisation qui rend toute cohabitation entre ces différents types d’agriculture impossible. Cette situation permettra aux firmes agrochimiques de conserver les profits qu’elles tirent de leur monopole sur les semences aux dépens des agriculteurs, et aura pour conséquence de détruire toute la filière de l’agriculture biologique.
Cela modifiera profondément nos systèmes agricoles et alimentaires de manière irréversible.
Pire encore, les États-membres n’auront aucun moyen d’interdire l’entrée sur leur territoire à ces organismes modifiés par nouvelles techniques génomiques. Une fois que ces nouveaux OGM seront autorisés, il n’y aura aucun moyen de s’en prémunir, et cela modifiera profondément nos systèmes agricoles et alimentaires de manière irréversible.
Les dirigeants européens s’apprêtent donc à ouvrir en grand les portes de notre agriculture et de notre alimentation à des plantes génétiquement modifiées qui abonderaient sur le marché, privant les européens de leur choix à les cultiver ou les consommer. Une décision qui mettrait en péril les seuls modes de production alimentaire permettant d’enrayer l’extinction des pollinisateurs et de la biodiversité.
Il est donc crucial de s’opposer à l’autorisation des nouvelles techniques génomiques, pour les agriculteurs, les consommateurs et la protection de nos ressources biologiques.
Marina Mesure, députée européenne LFI, membre de la Commission Environnement.
Manon Aubry, députée européenne LFI, co-présidente du groupe de La Gauche au Parlement européen.
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