Fiestas bérurières
Deux expositions consacrées à Bérurier Noir font beaucoup de bien dans notre sombre époque.
dans l’hebdo N° 1797 Acheter ce numéro
Même pas mort ! Archives de Bérurier Noir / jusqu’au 28 avril / BNF Paris (13e).
Salut à toi / du 18 février au 5 mai / Antre Peaux, Bourges (18).
Il y aura bien sûr quelques puristes rogommes pour déplorer qu’un groupe qui lançait naguère des appels modérément contenus au soulèvement général – « Des jeunes chômeurs s’la donnent aux cocktails Molotov » – soit finalement honoré sous les dorures de la République. Mais celles et ceux qui savent l’irréprochable droiture dont a toujours fait preuve Bérurier Noir, formation emblématique de la scène alternative des années 1980, se réjouiront, assurément, de ce que la Bibliothèque nationale de France, à Paris, dépositaire des archives du groupe, lui consacre une exposition intitulée « Même pas mort ! Archives de Bérurier Noir ».
Car, au-delà de l’histoire de ce « troupeau d’rock » aggloméré autour de François au chant et de Loran à la guitare (puis de Masto au saxo) dont la rage et la joie ont si puissamment contribué à la structuration individuelle et collective de toute une génération, ces souvenirs (accessoires de scène, affiches, fanzines, etc.) restituent, plus largement, toute une époque de fête et de lutte, marquée déjà par la montée du péril fasciste – et par le massacre des Palestinien·nes – mais où il ne fut jamais question de renoncement : par les sordides temps fascisants que nous vivons aujourd’hui, ce rappel que rien n’est jamais perdu ne peut que faire beaucoup de bien.
Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, une autre importante exposition bérurière, collective celle-là, composée principalement des œuvres d’artistes perpétuant chacun·e à sa manière l’univers des Bérus, sera inaugurée le 18 février à Bourges, à Antre Peaux (jeu de mots). Cerise sur le cadeau : le vernissage sera suivi d’une performance de François et de la chorégraphe et musicienne japonaise Yôko Higashi, puis d’un concert durant lequel se succéderont René Binamé, combo punk belge où officie désormais Masto, et les légendaires Ramoneurs de menhirs, avec lesquels Loran, depuis 2006, s’énerve toujours sur sa guitare-qui-fait-danser. En chœur : « Vive le feu ! »