« Opt Out » : d’ouest en est
Délivrant un rock inventif empreint de sonorités du Moyen-Orient, le quatuor berlinois Oum Shatt sort son excellent deuxième album.
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Opt Out / Oum Shatt / Wanda Y Records
La très fertile scène musicale de Berlin a engendré en 2012 un nouveau rejeton, Oum Shatt, né de l’union de quatre gaillards naviguant dans ladite scène, plutôt sur le versant rock indépendant : Jonas Poppe (chant, guitare), Chris Imler (batterie), Hannes Lehmann (guitare) et John Donald (basse). Le nom Oum Shatt se réfère, d’une part, à la légendaire diva égyptienne Oum Kalthoum et, d’autre part, à l’immense plaine saline tunisienne Shatt Al-Jarid.
Principal pilote du projet, Jonas Poppe – entendu auparavant notamment dans le duo électro-pop Kissogram – cultive en effet de longue date une passion pour les musiques du bassin méditerranéen. Ayant propagé cette passion à travers des DJ-sets dans des bars ou clubs berlinois, il l’a aussi inscrite au cœur d’Oum Shatt.
Dès son premier EP, Power to the Women of the Morning Shift (2013), sur lequel figurent quatre morceaux dont le très rassembleur morceau-titre, le groupe affirme une identité hybride originale en distillant un rock sous influence new wave – post-punk, en anglais dans le texte, rehaussé d’entêtantes sonorités orientales. Simplement intitulé Oum Shatt, leur premier album paraît en 2016. Il reprend le contenu de l’EP et y ajoute huit autres morceaux, qui inclinent encore davantage vers le Moyen-Orient. Petits tubes en puissance, « Delta », « Ya Ya Ya » et « Tripped Up / Laid Low » exhalent un parfum éminemment grisant.
Huit ans après, autant dire une éternité au regard de l’industrie de la musique, Oum Shatt est de retour. Dans l’intervalle, la composition du groupe a un peu bougé. Seuls membres fondateurs encore présents, Jonas Poppe et Chris Imler ont été rejoints par Richard Murphy (guitare) et Rémi Letournelle (basse, synthé) – ce dernier, français, vivant à Berlin depuis longtemps.
L’éclat de l’évidence
Dix nouveaux morceaux apparaissent sur Opt Out, deuxième album que l’on espérait tant et qui comble totalement nos attentes. À la fois martelant et ondulant, impétueux et sinueux, « Off to St. Pete » offre un démarrage idéal. La plupart des morceaux suivants surgissent aussi avec l’éclat de l’évidence, par exemple l’imparable « Love the Way She Stands », le très percussif « Play ! », le rêveur « Madame LeSoleil Levant » et l’ensorcelant « Over the World and Out », superbe tribut au rock psyché turc des années 1970.
Conciliant finesse mélodique, souplesse rythmique et richesse chromatique, l’ensemble confirme l’inventivité bigarrée d’Oum Shatt, dans le sillage des Talking Heads ou de Minimal Compact (autres grands précurseurs de la pop transcontinentale), et consolide leur belle position sur la carte de la sono mondiale.