« Ouvriers, paysans et mangeurs, ensemble »

La Confédération paysanne de Touraine a organisé, le 1er février, une action festive pour dénoncer la spéculation sur les produits agricoles.

Pauline Mussche  • 8 février 2024 abonné·es
« Ouvriers, paysans et mangeurs, ensemble »
À Tours, le 1er février 2024.
© Yoan Jäger

« Tout est dur, alors la lutte doit être joyeuse », estime Gaëlle, apicultrice, membre de la Confédération paysanne de Touraine. Ce syndicat a organisé, jeudi 1er février, une mobilisation qui a réuni plus de 200 personnes et qui visait une entreprise de courtage agricole. Parmi les actions, une saynète avec un financier en train de pendre une paysanne. « Pour symboliser la domination politique et financière », explique Gaëlle. Une scène suffisamment curieuse pour arrêter les passants, en plein centre-ville de Tours.

Confédération paysanne Tours
(Photos : Yoan Jäger.)

« Nous, on n’a pas de gros tracteurs, on n’est que des petits exploitants. Mais on s’est dit qu’il fallait qu’on occupe l’espace public, explique l’apicultrice. On est en colère, on a besoin de vivre de notre métier. On veut un revenu du travail et pas du capital. » La mobilisation réunit des personnes diverses : cheminots, profs, gilets jaunes. « Ouvriers, paysans et mangeurs, ensemble », résume Gaëlle. Avant d’atteindre son but, le cortège est arrêté par des CRS.

Le mercredi, la FNSEA a été accompagnée par les CRS devant la préfecture, où ils ont balancé du purin.

Gaëlle

« C’est le deux poids deux mesures, estime Gaëlle. Le mercredi, la FNSEA a été accompagnée par les CRS devant la préfecture, où ils ont balancé du purin. Nous, on n’a pas eu le droit de s’approcher. » Le cortège n’a pourtant pas la préfecture pour destination. « On entend beaucoup parler de la grande distribution, mais moins de la spéculation sur les produits agricoles, qui se fait sur le dos des agriculteurs », explique Gaëlle.

Sur le même sujet : Crise agricole : le « deux poids deux mesures » assumé du gouvernement

Pour entrer dans le bâtiment de l’entreprise de courtage qu’ils ciblent, les manifestants se font passer pour des livreurs Chronopost, puis une dizaine de personnes montent à l’étage et s’emparent d’une chaise, symbolisant le pouvoir de la finance. D’autres apposent dans le hall des collages caricaturant la FNSEA. De nouvelles mobilisations sont-elles à venir ? « C’est ça le problème, en fait : on n’a plus le temps de participer à la vie de la cité, regrette Gaëlle. Après l’action, qui était super, on a dû bosser samedi et dimanche toute la journée pour compenser ce qu’on n’avait pas fait à la ferme. »

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