Argentine : Milei ferme Télam, la première agence de presse latino
Le candidat à la tronçonneuse n’a pas remisé son outil de propagande. Javier Milei, le nouveau président argentin, avait annoncé qu’il trancherait à vif dans les dépenses publiques. C’est ce qu’il a fait la semaine dernière en fermant brutalement Télam, deuxième agence de presse en langue espagnole au monde, et la première en Amérique latine, où son statut est l’équivalent de celui de l’AFP dans l’espace francophone.
Ses locaux, à Buenos Aires, ont été condamnés en pleine nuit par de hautes clôtures métalliques. Télam, qui produisait quelque 500 dépêches par jour, est depuis muette et son site internet affiche « en reconstruction », archives inaccessibles. Les 770 salariés, abasourdis, ont été mis au chômage technique pendant une semaine, avec un licenciement à la clé, au mépris du droit du travail argentin. Télam était dans le collimateur de Milei, au rang des 41 entreprises publiques qu’il entendait privatiser.
Foin de l’ultralibéralisme dont il se proclame, sa prise de contrôle le range aux côtés des censeurs de la dictature, insinuent les syndicats. Télam, créée en 1945, était certes déficitaire. Mais l’objectif de la « modification de structure organique et fonctionnelle », que le président a par ailleurs promise à tous les médias publics, ne trompe personne : il s’agit bien d’étrangler d’un coup un organe abhorré par Milei comme « une agence de propagande kirchneriste », en référence à Néstor puis Cristina Kirchner, qui ont dirigé le pays à gauche pendant une grande partie des années 2000.
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