Migrants : policiers naufrageurs
Les vidéos rassemblées et analysées par Le Monde et ses partenaires du collectif de journalistes Lighthouse Reports (The Observer, Der Spiegel) sont accablantes. Elles montrent des policiers et des gendarmes tournant en pleine mer autour des embarcations de migrants, provoquant d’énormes vagues, menaçant leurs passagers de gaz lacrymogène ou utilisant des couteaux pour crever les bateaux.
L’enquête recense de nombreuses techniques agressives des autorités à l’encontre des migrants qui tentent de rejoindre l’Angleterre par la Manche. Elles visent à intercepter les embarcations pour les reconduire sur les côtes françaises. Or, dans de nombreux cas, les bateaux chavirent sans que les autorités viennent au secours des migrants.
Officiellement, la police a l’interdiction formelle d’intervenir en mer, excepté pour le sauvetage ou la recherche. Pourtant, de nombreux témoignages de migrants confirment ces agissements. D’après le quotidien, La Défenseure des droits investigue sur quatre saisines « portant sur des interceptions en mer en 2022 et 2023 ». De son côté, l’IGPN est saisie depuis fin 2023 sur une enquête préliminaire après un signalement au parquet effectué par Rémi Vandeplanque, garde-côte douanier et représentant du syndicat Solidaires. Il y indique qu’un membre des forces de l’ordre aurait demandé à un membre d’équipage de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) de l’aider à percer une embarcation (1).
Article mis à jour le 2 avril pour tenir compte des précisions apportées par Rémi Vandeplanque.
Le financement des Britanniques à hauteur d’un demi-milliard d’euros est conditionné par les bons résultats des autorités françaises sur la gestion de l’immigration clandestine. En 2023, le préfet maritime autorise certaines manœuvres seulement si elles sont faites de jour, à 200 mètres du bord et avec moins de trois individus sur le bateau. Laissant la possibilité aux forces de l’ordre d’user de tactiques menaçant la vie des migrants.
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