À Gaza, un bilan et des découvertes insoutenables
L’exhumation de corps de Palestiniens renforce les accusations de massacre et de crimes de guerre contre l’armée israélienne.
dans l’hebdo N° 1808 Acheter ce numéro
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Israël-Palestine : la guerre des mots La colère franchit un cap sur les campus américains Conflit israélo-palestinien : l’impossible dialogue à gauche ?Tandis que le bilan des victimes gazaouies ne cesse de s’alourdir – près de 40 000 morts depuis les actes terroristes du 7 octobre – et que la menace d’une intervention israélienne à Rafah, où se sont réfugiés près de 1,5 million de Palestiniens, reste une hypothèse sérieuse malgré les négociations sur une trêve, la découverte de fosses communes dans la bande de Gaza témoigne de nouvelles violations du droit international par Israël.
En milieu de semaine dernière, plusieurs centaines de corps ont en effet été exhumés dans deux hôpitaux de la bande de Gaza, selon les services de la défense civile. Certaines dépouilles avaient les mains attachées et ne portaient aucun vêtement, rapportent même les Nations unies. Et alors que de nombreuses autres personnes sont portées disparues, la défense civile redoute d’autres découvertes macabres.
Selon Carmen Hassoun Abou Jaoudé, professeure à l’université Saint-Joseph de Beyrouth, experte en justice transitionnelle, interrogée par L’Orient-Le jour : « La plupart des corps exhumés sont non identifiables en raison de l’exhumation tardive. Considérées comme des témoins des massacres et des crimes de guerre, les fosses communes où les corps sont enterrés sans être identifiés constituent une violation flagrante du droit international et portent atteinte à la dignité humaine. Les processus d’exhumation et d’identification doivent être menés selon les normes internationales afin de permettre aux familles des victimes, qui sont dans une douloureuse attente, de faire leur deuil. » Et de conclure : « Je considère ces actions comme l’indication flagrante d’un massacre. Ce sont des preuves supplémentaires que des crimes de guerre sont en cours à Gaza. »
Ce sont des preuves supplémentaires que des crimes de guerre sont en cours à Gaza.
C. Hassoun Abou Jaoudé
La pression sur Israël, qui nie les faits reprochés tout en reconnaissant avoir examiné les cadavres pour vérifier s’il y avait des otages israéliens, s’accroît de jour en jour. Au point que Benyamin Netanyahou anticiperait même un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale contre lui, son ministre de la Défense et son chef d’État-major. Pas de quoi le déstabiliser. « Nous ne cesserons pas de nous défendre,assure-t-il. Quelle que soit la décision de la Cour, elle n’affectera pas les actions israéliennes », a-t-il déclaré. Et de promettre, dans le même temps, « d’accroître la pression militaire sur le Hamas, dans les prochains jours ».
Le Premier ministre israélien a même affirmé, il y a quelques semaines, qu’une date de l’offensive à Rafah a été fixée. « Nous devons détruire Rafah, Nuseirat et Deir al-Balah », ont même osé les ministres israéliens de la Défense et des Finances. L’esquisse d’une trêve à Gaza avec des libérations d’otages, selon les termes de la contre-proposition israélienne, mettra-t-elle fin à cette surenchère ? Selon certaines sources, les dirigeants du Hamas pourraient y être favorables. Mais les intentions des dirigeants israéliens demeurent inquiétantes.