Gauche divisée, un danger pour l’Europe
La menace plane de l’élection d’une majorité de droite et d’extrême droite au Parlement européen. Face à elle, à défaut de liste unique, les partis de gauche doivent s’entendre sur des combats communs prioritaires.
dans l’hebdo N° 1811 Acheter ce numéro
La campagne électorale pour les européennes se déroule avec une gauche divisée. Il est vrai qu’il n’y a jamais eu de liste commune pour cette élection et que l’Europe a toujours constitué une pomme de discorde pour la gauche française. Cette situation s’explique en grande partie par les idées fausses qui règnent autour des positions des uns et des autres, sur la base de différences souvent surjouées par les partis eux-mêmes. La question de l’Ukraine est ainsi instrumentalisée alors même que la politique étrangère et de défense est l’affaire des États et du Conseil européen, le Parlement communautaire n’ayant qu’un rôle consultatif.
Et si des divergences réelles existent sur les conditions d’éventuelles négociations et l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne, tous les partis de gauche ont fermement condamné l’agression de la Russie et soutenu le droit du peuple ukrainien à se défendre. Plus récemment, ils ont condamné les déclarations d’Emmanuel Macron sur l’envoi de troupes au sol.
Votes convergents
Comme l’a montré la Fondation Rosa-Luxemburg, les positions des partis de gauche sur l’Europe sont plus proches qu’elles ne l’ont jamais été, ce que démontrent les votes convergents à près de 80 % en moyenne de leurs eurodéputés sur la dernière législature (1). En janvier, Les Écologistes, LFI et le PS ont voté au Parlement européen d’une même voix pour s’opposer au nouveau cadre de discipline budgétaire proposé par la Commission.
L’union fait la force ?, Laura Chazel, Fondation Rosa-Luxemburg, Bruxelles, mars 2023.
La menace que l’on voit poindre actuellement est l’élection d’une majorité de droite et d’extrême droite au Parlement européen. En Italie et dans les pays scandinaves (Finlande, Suède, Danemark) sont venues au pouvoir des coalitions dominées par des partis adversaires de l’immigration et des politiques écologiques, défenseurs de l’identité nationale, qui rejoignent en cela le gouvernement autoritaire et nationaliste de la Hongrie. Cette nouvelle majorité pourrait agréger des partis nationalistes décidés à bloquer les politiques communes européennes.
Face à cette menace, à défaut de liste unique, les partis de gauche devraient admettre publiquement qu’ils peuvent s’entendre sur des combats communs pour construire une Europe enfin démocratique, sociale et écologique (2). Ces combats doivent en priorité inverser le cours néolibéral de l’intégration européenne. Les partis de gauche sont tous d’accord pour faire cesser la primauté du droit de la concurrence sur les droits sociaux, pour promouvoir une politique d’investissement pour la bifurcation écologique, ou encore pour instaurer un ISF vert européen et faire de l’Europe le premier continent à lutter efficacement contre la fraude fiscale. Qui peut croire à une divergence réelle entre Les Écologistes, LFI, le PCF et la direction actuelle du PS sur ces questions ?
Leur Europe et la nôtre, Attac et Fondation Copernic, Textuel, mai 2024.
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