Extrême droite : les QG des Remparts bientôt fermés dans le Vieux-Lyon ?
Le 2 mai, le ministère de l’Intérieur a demandé la dissolution du groupuscule d’extrême droite Les Remparts et des deux associations gérant son bar et sa salle de boxe dans le Vieux Lyon. Un premier pas vers la fermeture de ces deux repaires emblématiques de la fachosphère lyonnaise.
C’est une première à Lyon. Le ministère de l’Intérieur a enclenché une procédure de dissolution à l’encontre du groupuscule d’extrême droite les Remparts, mais aussi des deux associations qui gèrent les locaux du Vieux-Lyon où les nervis ont l’habitude de se réunir. Le collectif « Fermons les locaux fascistes », qui rassemble plusieurs associations, syndicats et partis politiques de gauche, le martèle depuis des années : dissoudre c’est bien, fermer leurs QG c’est mieux.
La dissolution de Génération identitaire, en mars 2021, a eu un impact plus que relatif au sein de la fachosphère lyonnaise. Ses militants ont continué à se réunir, en buvant des coups, en organisant des actions coups-de-poing et des soirées étudiantes dans le bar La Traboule, loué par l’association éponyme, et en s’entraînant dans la salle de boxe mitoyenne l’Agogé, exploitée par l’association Top Sport Rhône. Deux repaires de l’extrême droite radicale depuis plus de dix ans. Le compte Twitter « Les Remparts Lyon », qui faisait la communication de l’Agogé, a rapidement repris du service et le 8 septembre 2021, Les Remparts annonçaient leur création. En clair : on prend (presque) les mêmes et on recommence.
Arrivé à la tête de la ville de Lyon au printemps 2020, le maire Grégory Doucet a rompu avec plusieurs décennies d’inertie de l’exécutif lyonnais vis-à-vis de la fachosphère locale. Mais la municipalité écologiste n’a réussi à fermer la Traboule et l’Agogé que quelques mois, en 2019, au motif du non-respect de certaines normes de sécurité. À plusieurs reprises, le premier édile a écrit au ministre de l’Intérieur puis au président de la République pour demander leur fermeture définitive. En vain.
Longue liste
La procédure de dissolution enclenchée le 2 mai pourrait-elle changer la donne ? Celle-ci se base sur l’alinéa 6 de l’article L212-1 du code la sécurité intérieure, qui permet de dissoudre tout groupe qui « provoque ou contribue par leurs agissements à la discrimination, à la haine ou à la violence envers une personne ou un groupe de personnes ». Concernant les Remparts, la liste est longue – et non exhaustive : slogans racistes lors de la manifestation « Pour Lola », violences envers des supporters marocains lors de la demi-finale de la Coupe du monde de football, affiches racistes placardées sur un square où campaient des jeunes migrants au lendemain de l’attaque au couteau d’Annecy, attaque d’une conférence sur la Palestine dans le Vieux-Lyon, descente à Romans-sur-Isère suite à la mort de Thomas à Crépol, etc.
La difficulté régulièrement rappelée par la préfecture est de prouver les liens entre ces faits d’armes, les Remparts, leurs membres, les locaux du Vieux-Lyon et les associations satellites qui les gèrent. C’est désormais chose faite. Ainsi, après l’attaque de la conférence sur la Palestine en novembre dernier, plusieurs victimes ont affirmé s’être fait agresser par des individus sortant du bar la Traboule, situé à quelques centaines de mètres.
Prise de conscience ?
Le collectif « Fermons les locaux fascistes » milite depuis 2018 pour que les repaires de l’extrême droite tirent les stores définitivement. À l’instar du Pavillon noir, le local du Bastion social, fermé pour des raisons de sécurité peu avant la dissolution du groupuscule d’extrême droite, en 2019. Éric Declais, du parti politique Ensemble! et membre du collectif, suit cette procédure de dissolution avec un espoir prudent. « On dit que la fermeture de ces locaux est nécessaire depuis leur ouverture, au début des années 2010. C’est la première fois que les associations qui les louent sont visées. Les violences de l’extrême droite ne disparaîtront pas avec la fermeture des locaux, mais ça les freinera dans leur recrutement. »
Les interpellations de plusieurs nervis ces derniers mois sont pour lui le signe que la préfecture comme la justice ont enfin pris conscience du problème. Cerise sur le gâteau : la condamnation en début d’année de Sinisha Milinov, leader des Remparts jusqu’en septembre 2023, à six mois de prison ferme pour des violences en réunion à caractère raciste. « La dynamique est enclenchée, mais on espère que ça ne s’arrêtera pas là. On n’en a pas fini avec l’extrême droite à Lyon », prévient Éric Declais.
Les violences de l’extrême droite ne disparaîtront pas avec la fermeture des locaux, mais ça les freinera dans leur recrutement.
É. Declais
Les Remparts ont dix jours avant que leur dissolution soit entérinée en Conseil des ministres. Dans un communiqué publié le 3 mai, ils se positionnent en « lanceurs d’alerte » des « dérives de la mairie d’extrême gauche de Grégory Doucet » et en promoteurs du patrimoine français et lyonnais. La pétition lancée contre leur dissolution a pour le moment récolté 395 signatures. Le ménage n’est pas fini dans la capitale des Gaules. D’après nos informations, une deuxième procédure de dissolution est dans les cartons, visant cette fois-ci les néonazis de Lyon Populaire.