Rassembler notre camp social
La répression étatique de toute forme de soutien à la Palestine a pris un tour des plus inquiétants, avec un objectif : faire peur et réprimer. Il y a urgence à apporter une réponse collective et reconstruire un rapport de force.
Depuis le 7 octobre, la répression de toute forme de soutien à la Palestine a été d’une intensité maximale et rarement égalée. Quoi qu’on pense par ailleurs de la situation en Palestine et de ces soutiens, chacun·e devrait être profondément inquiet·ète devant un tel déploiement répressif : à chaque fois, c’est un nouveau cap franchi dans la destruction de nos fondements démocratiques comme dans l’attaque de notre camp social.
Les convocations par la brigade antiterroriste et les accusations d’« apologie du terrorisme » pleuvent, visant des organisations comme Solidaires étudiant·es EHESS ou le NPA, ainsi que des individu·es comme Sihame Assbague, journaliste et militante antiraciste, Rima Hassan, juriste d’origine palestinienne et candidate LFI aux européennes, ou Anasse Kazib, militant à SUD Rail et à Révolution permanente. Sans compter les personnes moins connues, dont on ignore précisément le nombre (1). Ces accusations ne semblent avoir qu’une fonction : réprimer et faire peur. Ainsi, était-ce l’objectif de l’évacuation – en pleine nuit – des étudiant·es qui bloquaient une partie de Sciences Po Paris, jeudi 25 avril ?
Mediapart essaie d’ailleurs de les dénombrer.
Un nouveau cap a été franchi, avec une condamnation – celle de Jean-Paul Delescaut, secrétaire général de l’union départementale de la CGT du Nord – à un an de prison avec sursis. Qu’est-ce que cela dit de la liberté d’expression et des libertés syndicales en France, quand on peut être condamné pour un simple tract ? Puis c’est au tour de Mathilde Panot, députée, cheffe du groupe LFI à l’Assemblée nationale, d’être convoquée pour apologie du terrorisme. Qu’est-ce que cela dit de l’état de la démocratie parlementaire en France, quand le gouvernement peut ouvrir une enquête contre une des principales figures de l’opposition ?
Lorsque l’attaque touche à nos droits fondamentaux, ce n’est qu’une question de temps avant que l’ensemble des organisations ne soient touchées.
Que le gouvernement continue son extrême-droitisation, ou que l’extrême droite prenne le pouvoir en 2027, les conséquences sont terribles pour notre camp social. Nous devons surmonter plusieurs écueils : la démoralisation, à la suite de l’échec de la mobilisation contre la réforme des retraites de l’année dernière, qui pèse durablement. L’opposition du social et du politique, du mouvement syndical et du mouvement partidaire.
Nous devons aussi prendre conscience que, lorsque l’attaque touche à nos droits fondamentaux, ce n’est qu’une question de temps avant que l’ensemble des organisations ne soient touchées. Partir en ordre dispersé affaiblit mécaniquement la portée de la réponse, qui doit résolument être collective. Nous n’avons plus le choix : des initiatives unitaires, rassemblant le plus largement notre camp social, doivent être organisées très rapidement. Nous devons reconstruire un rapport de force pour faire face à l’ampleur de l’attaque. Il y a urgence ! Le compte à rebours a commencé.
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