Avignon « off » : Philippe Durand prête l’oreille au Larzac

Avec Larzac !, Philippe Durand nous offre dans une forme simple et délicate le fruit de deux ans de visites aux paysans du haut plateau du Massif central.

Anaïs Heluin  • 25 juin 2024 abonnés
Avignon « off » : Philippe Durand prête l’oreille au Larzac
Philippe Durand donne une leçon de démocratie particulièrement riche et joyeuse.
© Mas Razal

Larzac ! / Théâtre des Halles / du 29 juin au 21 juillet à 18 h 45. Relâche les 3, 10 et 17 juillet

En arrivant au festival Off d’Avignon, où se joueront pas moins de 1 666 spectacles, Philippe Durand a déjà fait bien du chemin avec Larzac !. Créé en 2022, ce seul en scène n’a guère de besoins techniques et scénographiques supérieurs à ceux d’un conférencier. Après être allé pendant deux ans à la rencontre des paysans du Larzac pour recueillir leur parole, c’est souvent au plus près des habitants des villes et des villages qu’il va installer son bureau et sa chaise : dans des salles des fêtes, des associations et tout type d’autres lieux. Philippe Durand a l’habitude de ces diverses manières d’aller à l’autre : sa première création personnelle, 1336 (Parole de Fralibs) (2016), qu’il a jouée plus de 400 fois, fonctionnait ainsi.

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Larzac ! forme avec 1336 un passionnant diptyque ­paysans-ouvriers d’une grande cohérence. Dans les deux créations, l’artiste non seulement s’intéresse à des collectifs dont la raison d’être est très politique, mais il le fait à travers des propos qui frappent par leur poétique singulière. Avant de se faire le passeur des témoignages, ces « trésors populaires » qu’il a recueillis et dont il a fait un montage, le comédien distribue un document intitulé « Notice Larzac ! » qui rappelle les grandes étapes de l’histoire du site. Car, s’il traitait dans son spectacle précédent de la lutte des Fralibs contre la multinationale Unilever, le célèbre combat des ­paysans du Larzac contre l’établissement d’un camp militaire n’est pas ici l’objet de Philippe Durand.

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Ce que raconte le comédien à travers les mots recueillis, c’est avant tout un outil unique de gestion collective des terres, la Société civile des terres du Larzac (SCTL). Soit un modèle foncier unique en France, créé en 1985, fondé non pas sur la propriété mais sur le droit d’usage, considéré par l’un de ses tenants comme «le laboratoire foncier de la France». En s’effaçant presque derrière les paroles de celles et ceux qui font vivre ce système vu par beaucoup comme utopique, Philippe Durand parvient à faire exister des langues et des pensées concrètes tout en entrant dans les détails très techniques d’une communauté. Ce qui donne une leçon de démocratie particulièrement riche et joyeuse.

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Théâtre
Temps de lecture : 2 minutes