Hollande, problème et solution
Où notre chroniqueur, qui appelle à voter sans hésiter pour le Nouveau Front populaire, se pose quelques instants sur le cas de l’ex chef d’État, qui en arbore problématiquement l’étiquette pour les législatives.
dans l’hebdo N° 1815 Acheter ce numéro
Précisons : il n’est pas (du tout) question d’attaquer ici le Nouveau Front populaire (NFP) – pour lequel on ira voter sans guère d’états d’âme aux législatives des 30 juin et 7 juillet prochains. Puisque, comme vient de l’écrire l’ami Frédéric Lordon dans l’un de ces billets de blog (1) où sa justesse et sa verve nous font, par ces temps d’immenses et continuelles saloperies, beaucoup de bien : « On devrait normalement entendre cet argument assez simple que participer à un scrutin où se jouent ni plus ni moins que les conditions mêmes de toute activité politique de contestation n’équivaut pas à sombrer dans le fétichisme de l’élection, ses espérances ineptes et toujours déçues – le ‘crétinisme parlementaire’. »
Ceci posé, et tout de même : penchons-nous brièvement sur le cas de M. François Hollande, ancien chef « socialiste » de l’État français, qui s’est, par un coup de force, porté candidat auxdites législatives sous la bannière dudit NFP. Comme l’ont goulûment rapporté la presse et les médias, l’intéressé a produit, pour justifier d’avoir ainsi forcé l’entrée d’une cérémonie électorale à laquelle il n’était pas invité, cette déclaration où le pauvre homme donne très fort l’impression de se croire devenu Jean Moulin per un pugno di secondi : « Si j’ai pris cette décision, c’est parce que j’ai estimé que la situation était grave, plus qu’elle ne l’a jamais été, grave parce que le danger représenté par l’extrême droite est aujourd’hui avéré. Jamais l’extrême droite n’a été aussi proche du pouvoir depuis la Libération. Et donc je dois, moi-même, à situation exceptionnelle, prendre une décision exceptionnelle. »
Question 1 : savons-nous dans quoi prospère l’extrême droite ? Réponse : oui, nous le savons, elle prospère dans la banalisation de sa xénophobie et dans la peur du déclassement.
Question 2 : sommes-nous des connard·es sans mémoire ? Réponse : non point (quelle idée), et nous nous rappelons par conséquent que M. François Hollande, à l’époque où il assurait la chefferie de l’État français, a – notamment – imposé, par le recours à l’article 49.3 de la Constitution, une infâme « loi relative au travail, à la modernisation du dialogue social et à la sécurisation des parcours professionnels » qui suppliciait les salarié·es.
Itou, nous nous rappelons qu’en 2016 M. François Hollande a déclamé, devant des journalistes du Monde, et sous les hourras du commentariat nationaliste, qu’il y avait en France « trop d’arrivées, d’immigration qui ne devrait pas être là ».
En résumé : nous nous rappelons que M. François Hollande a puissamment contribué, lorsqu’il était aux affaires, à normaliser le racisme et à nourrir dans le salariat l’angoisse du déclassement.
Adoncques, en votant, les 30 juin et 7 juillet prochains, pour empêcher l’immense malheur – proprement incommensurable – d’une victoire du néofascisme, nous aurons à l’esprit que, dans cet âpre combat, M. François Hollande fait partie du problème – et pas de la solution.
Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.
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