Vite, le Front républicain !

Ce 30 juin, le bloc d’extrême droite bat tous les records, allant jusqu’à doubler ses scores par rapport à 2022. Il reste une semaine pour empêcher le RN d’avoir la majorité absolue. C’est possible au gré des désistements républicains. Mais pour quelle alternative ?

Pierre Jacquemain  • 30 juin 2024
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Vite, le Front républicain !
Rassemblement place de la République, à Paris, le 11 juin 2024, le soir de l'annonce d'une union de la gauche pour les législatives de juin et juillet.
© Maxime Sirvins

Ce soir, le résultat du Rassemblement national est historique. Il confirme son ancrage dans le paysage politique, après son net succès aux européennes qui a provoqué la dissolution improvisée par Emmanuel Macron. Près de onze millions d’électeurs ont été convaincus par le programme de Jordan Bardella qui peut donc espérer s’installer à Matignon dans les prochaines semaines. Le scénario de l’horreur est en train de s’écrire.

C’est bien une nouvelle élection qui se joue dès demain.

Les projections des instituts de sondage font froid dans le dos, bien qu’elles soient à prendre avec des pincettes. Parce que c’est bien une nouvelle élection qui se joue dès demain. Voire, c’est bien 502 élections qui se jouent dans les circonscriptions n’ayant pas élu un député au premier tour. D’ores et déjà l’ensemble des partis composant le Nouveau Front populaire a appelé leurs candidats arrivés en troisième position à se désister pour faire battre l’extrême droite. A priori, une centaine de circonscriptions sont concernées. Et alors que les macronistes subissent une lourde défaite, les consignes ne semblent pas aussi claires, voire divergent d’un macroniste à l’autre.

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Si le président Macron appelle ce soir, par la voie de l’AFP, « à un large rassemblement clairement démocrate et républicain pour le second tour », le communiqué de Renaissance, le parti présidentiel, se veut tout aussi flou. Partout où leurs candidats sont arrivés en troisième position, le parti appelle au désistement au « profit des candidats en mesure de battre le Rassemblement national et avec qui nous partageons l’essentiel : les valeurs de la République ». Et d’ajouter : « Face à la menace d’une victoire de l’extrême-droite, nous appelons toutes les formations politiques à agir en responsabilité et faire de même ».

Accord de coalition… hors LFI

Pour le Premier ministre Gabriel Attal, pas une voix ne doit aller au RN : « Nos candidats dont le maintien pourrait faire élire le RN se désisteront », a-t-il plaidé. Il va même jusqu’à proposer un accord de coalition avec Nouveau Front populaire, hors LFI. Il a annoncé même la suspension de la nouvelle réforme de l’assurance chômage, selon son entourage. Mais l’on voit difficilement comment cette étrange coalition pourrait obtenir une majorité absolue en excluant le groupe qui obtiendra sans doute le plus députés à gauche. Sans même parler de la crédibilité d’une telle coalition. Sauf à se mettre d’accord sur quelques mesures.

Il faut n’être ni femme, ni pauvre, ni jeune, ni racisé pour ne pas comprendre que le seul danger vient du RN.

Renaissance est arrivé en troisième position dans un peu plus de 70 circonscriptions. Retirera-t-il ses 70 candidats ? Y compris quand il s’agit d’un candidat LFI – comme ça sera très majoritairement le cas ? Cela se jouera sans doute au cas par cas. D’où le flou. Et quand c’est flou… Par ailleurs, il n’est pas sûr que les candidats suivent les directives ni de Macron, ni du parti présidentiel. Toutefois, ceux qui plaideront le « ni-ni » prendront la responsabilité durable et immense de donner une majorité absolue à l’extrême droite. La ministre Aurore Bergé est de ceux-là. De même que François Bayrou, Édouard Philippe et le parti LR qui n’a plus de républicain que le nom.

Et après ?

Il faut n’être ni femme, ni pauvre, ni jeune, ni racisé pour ne pas comprendre que le seul danger vient du RN. La macronie est morte ce soir. La gauche résiste mais ne progresse pas ou peu. L’heure n’est certes pas aux règlements de compte – on s’engueulera plus tard – mais quand même : comment avons-nous pu laisser croire que les héritiers de Jean-Marie Le Pen – contre qui nous sommes descendus par millions dans les rues de France en 2002 quand aujourd’hui on peine à réunir des milliers de personnes – pouvaient être le recours à la France d’Emmanuel Macron ?

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Pour l’heure, il n’y a qu’une seule certitude : un bloc fort et solide, le RN, même si sans réserve de voix pour le second tour. Et deux blocs fragiles – le NFP et Renaissance –, dont on peine à croire qu’il pourrait gouverner ensemble. L’appel au front républicain permettra-t-il de limiter les dégâts et d’empêcher les amis de madame Le Pen d’obtenir la majorité absolue ? Peut-être. Et après ? Après, c’est la grande incertitude. Un sans doute du pain béni pour le RN. Il faudra alors à la gauche et aux écologistes tout revoir, tout repenser, tout reprendre si tôt ou tard on ne veut pas voir le RN durablement ni à Matignon, ni à l’Élysée.

Partout, la mobilisation doit être totale.

Mais pour l’heure, nous devons concentrer tous nos efforts sur le second tour de dimanche prochain. Et partout, partout, la mobilisation doit être totale. Pas une voix ne doit aller au Rassemblement national. Nos voix doivent se porter sur les seuls candidats qui le feront battre. Même s’il faut se boucher le nez…

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Parti pris

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