La fascisation du monde

La dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron risque d’amener l’extrême droite au pouvoir en France. En écho à ce qui se passe dans d’autres pays. Face à cela, assisterons-nous à un sursaut des forces progressistes de gauche ?

Jérôme Gleizes  • 12 juin 2024
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La fascisation du monde
Rassemblement place de la République, à Paris, le 11 juin 2024, le soir de l'annonce d'une union de la gauche pour les législatives de juin et juillet.
© Maxime Sirvins

Dans ma chronique du 25 avril, je parlais de la responsabilité d’Emmanuel Macron dans le déclin français sans parler du contexte international. Ce contexte est particulier et nous ramène un siècle en arrière, à une époque de bascule entre deux guerres mondiales, avec une fascisation de l’Europe. Le 30 janvier 1933, le président du Reich allemand, Paul von Hindenburg, appelle au pouvoir Adolf Hitler, chef du parti nazi (NSDAP), après la victoire de ce dernier aux élections législatives du 6 novembre 1932, avec 33,09 %. Dix ans plus tôt, le 30 octobre 1922, après la marche sur Rome, le roi d’Italie charge Benito Mussolini de former le nouveau gouvernement.

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Le 29 septembre 1936, Franco, engagé dans le coup d’État lancé en juillet contre la Seconde République espagnole, est nommé chef du gouvernement par la junte et commandant en chef des forces insurgées. L’extrême droite nationaliste gagne en trouvant des boucs émissaires pour faire oublier les vraies causes des crises, la paupérisation des populations européennes, et bloquer les mouvements révolutionnaires de gauche en s’alliant avec des forces capitalistes. Le bouc émissaire le plus facile est l’étranger.

Stratégie du chaos

Aujourd’hui, Emmanuel Macron invisibilise son action en électrisant son environnement, que ce soit sur la scène internationale avec le conflit entre l’Ukraine et la Russie, ou sur la scène française avec la dissolution de l’Assemblée nationale. Le déclin de la France apparaît comme secondaire chez lui pour imposer un monde autoritaire. La crise écologique s’efface car la résoudre est incompatible avec le capitalisme. Emmanuel Macron est fasciné par les gouvernements autoritaires, Vladimir Poutine, Xi Jinping, Narendra Modi…

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Il radicalise tous ses adversaires, tant externes qu’internes. Il provoque la Russie de Poutine, se fâche avec Netanyahou mais aussi avec les pays arabes en proposant une coalition contre le Hamas sur le modèle de celle contre Daech. C’est une stratégie du chaos qui lui permettrait de garder le pouvoir en « suspendant » la démocratie. Il surfe sur un choc des civilisations en distinguant les migrants selon leur pays d’origine. La France s’apprête à organiser le premier événement mondial, les Jeux olympiques et paralympiques, dans une situation institutionnelle totalement chaotique.

Il est difficile de prévoir l’avenir, mais l’extrême droite ou la droite extrême s’imposent sous différentes formes avec l’Inde de Modi, la Russie de Poutine, les États-Unis de Trump, la Chine de Xi Jinping. Cette succession de victoires butera sur des antagonismes qui opposeront à un moment ou à un autre tous ces nationalismes, de surcroît dans un temps de raréfaction de ressources naturelles non renouvelables, où la crise écologique provoque le déplacement de millions de personnes, où la sixième extinction des espèces menace la survie de notre propre espèce. Enfin, les élections européennes montrent la montée en puissance de l’extrême droite.

Face à cela, assisterons-nous à un sursaut des forces progressistes de gauche et écologistes ou à une fascisation inéluctable de notre planète ?

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