L’union ou le chaos

Pour faire face au pari fou de Macron, le rassemblement de la gauche et des écologistes doit dépasser les seuls partis politiques pour entraîner avec eux les intellectuels, les quartiers populaires, les jeunes, les syndicats et les ONG.

Pierre Jacquemain  • 10 juin 2024
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L’union ou le chaos
Les députés insoumis, socialistes, écologistes et communistes à l'Assemblée nationale, le 8 juin 2023.
© Ludovic Marin / AFP

Les résultats des élections européennes ne devaient pas avoir d’incidence politique dans la vie politique française. C’était la promesse du Premier ministre Gabriel Attal, qui a mis toutes ses forces dans la campagne pour ne pas nationaliser le scrutin. Raté ! En annonçant la dissolution, Emmanuel Macron prend la mesure de la gravité d’une extrême droite à près de 40 % – sans en assumer la responsabilité – et ouvre une nouvelle séquence politique, à très haut risque.

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L’hypothèse de voir l’extrême droite accéder à Matignon est de plus en plus probable. Preuve que le RN s’y prépare très sérieusement, Marine Le Pen et Jordan Bardella ont réunis dès dimanche soir les personnalités du mouvement qui pourraient entrer dans un éventuel futur gouvernement. L’opération de communication est même relayée par les chaînes d’info en continu. Glaçant !

Le seul sursaut ne peut venir que de la gauche et des écologistes. La seule alternative à l’extrême droite ne peut venir que de ce côté-là…

Comment changer la donne des élections européennes en seulement deux semaines ? Le pari d’Emmanuel Macron est aussi fou que risqué. Tout le monde explique depuis dimanche soir qu’il ne faut pas avoir peur de retourner aux urnes et de s’en remettre au peuple. Sauf qu’en coulisse, à droite et à gauche jusque dans les rangs macronistes, tout le monde est tétanisé. Et il y a de quoi ! Emmanuel Macron joue depuis trop longtemps la stratégie du « moi ou le chaos ». Il a perdu. Sans doute rejouera-t-il la même partition au cours des prochains jours en espérant un sursaut populaire. Et sans doute perdra-t-il à nouveau.

Le seul sursaut ne peut venir que de la gauche et des écologistes. La seule alternative à l’extrême droite ne peut venir que de ce côté-là de l’échiquier politique – la Macronie est démonétisée et les Républicains de plus en plus lepénisés. Les élections européennes ont rebattu les cartes à gauche. Certes Raphaël Glucksmann a réalisé un honorable score mais l’écart avec la liste de Manon Aubry de la France insoumise n’est pas aussi important que les socialistes ne l’avaient espéré – avec à peine quatre points de différence. Quant aux écologistes, personne ne peut se réjouir de leur très faible résultat. Voilà qui doit inviter toutes les composantes de la gauche à la plus grande humilité. Toute tentation hégémonique serait suicidaire. Toute tentative de division serait irresponsable.

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On peut se réjouir que la gauche et les écologistes n’aient pas attendu le séisme politique de dimanche soir pour poursuivre leurs échanges, notamment dans la perspective de 2027. Plusieurs initiatives, à gauche, devaient voir le jour cette semaine pour travailler à une candidature unique. C’est de bon augure mais l’urgence est désormais ailleurs : le rassemblement le plus large possible de la gauche et des écologistes. Un rassemblement qui devra dépasser les seuls partis politiques pour entraîner avec eux les intellectuels, les quartiers populaires, les jeunes, les syndicats et les ONG.

Imposer une cohabitation de gauche à Emmanuel Macron. Ça n’est pas impossible.

Telle doit être l’obsession de toute la gauche dans ces prochaines heures : obtenir une majorité à l’Assemblée nationale et imposer une cohabitation de gauche à Emmanuel Macron. Ça n’est pas impossible. La gauche est plurielle. Les désaccords de la campagne des européennes ne disparaîtront pas du jour au lendemain mais elle doit désormais se concentrer sur l’essentiel : ce qui la rassemble. Elle peut faire campagne sur dix grands projets qui marquent les esprits et donnent le sentiment qu’ils peuvent transformer et améliorer la vie des gens. L’histoire ne se répète pas mais l’heure est plus que jamais au Front populaire. L’union, ou le chaos !

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Parti pris

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