« A Kingdom in a Cul-de-sac » : stridentes pépites

Le groupe néo-zélandais Ha The Unclear publie un album euphorisant qui conjugue parfaitement immédiateté pop et nervosité rock.

Jérôme Provençal  • 19 juin 2024 abonnés
« A Kingdom in a Cul-de-sac » : stridentes pépites
L’ensemble de l’album – gorgé de tubes en puissance – procure une jubilation constante.
© ALEX LOVELL-SMITH

A Kingdom In A Cul-de-sac / Ha The Unclear / Think Zik ! Virgin Music.

Au cours des années 1980-1990, rivalisant avec la Grande-Bretagne et les États-Unis, la Nouvelle-Zélande est apparue comme une destination de rêve sur la carte du rock indépendant anglophone. Pour la plupart inspirés par le Velvet Underground, certains orientés plutôt vers le scintillement mélodique, d’autres plutôt vers le remuement électrique (d’autres encore vers les deux à la fois), les héros locaux d’alors s’appelaient Tall Dwarfs, The Bats, The Chills, Chris Knox, The Clean, The Verlaines ou The Jean-Paul Sartre Experience (ça ne s’invente pas) et gravitaient autour du label Flying Nun (soit la Nonne volante, ce qui donne une petite idée de la douce dinguerie ambiante).

Glorieux sillage

En activité depuis le début des années 2010, Ha The Unclear – formé par Michael Cathro (chant, guitare), Paul Cathro (basse), Theodore Francis (guitare) et Benjamin Sargeant (batterie) – s’inscrit clairement dans leur glorieux sillage. «Nous avons grandi à Dunedin, et les groupes The Clean ou The Bats faisaient partie de notre mémoire commune. Nos premiers titres ont été enregistrés avec Oli Wilson, membre de The Chills. Nous sommes les enfants directs de cette scène», confirme Michael Cathro.

Ayant quitté Dunedin pour s’installer à Auckland, le quatuor a acquis une belle notoriété au niveau national grâce à ses deux premiers albums – Bacterium, Look at Your Motor Go (2014), Invisible Lines (2018) – et à ses concerts, réputés hautement turbulents (on le croit sans peine). Il se hisse maintenant à l’échelle internationale avec son nouvel album, A Kingdom in a Cul-de-sac, le premier distribué en Europe, publié par le label parisien Think Zik !

Cinq des douze morceaux figuraient déjà sur l’excellent EP Handprint Negatives, paru en avril 2023, et se retrouvent ici dès la première moitié de l’album. Aussi entêtants que trépidants, « Growing Mould », « Secret Lives of Furniture » et « Mannequins » forment une imparable triplette introductive. Empreint d’une forme de rusticité flamboyante qui évoque souvent Violent Femmes (illustres cousins nord-américains), l’ensemble de l’album – gorgé de tubes en puissance, dont une formidable reprise du « C’est comme ça » des Rita ­Mitsouko – procure une jubilation constante.

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Musique
Temps de lecture : 2 minutes