« Tiny Desk » : petit bureau et grandes musiciennes

Une série rend hommage à la musique noire américaine avec une série de concerts pilotés par des musiciennes.

Pauline Guedj  • 25 juin 2024 abonné·es
« Tiny Desk » : petit bureau et grandes musiciennes
La prestation de Chaka Khan, surnommée la « Reine du funk », est une leçon.
© DR

Tiny Desk / Alfred Camoz / 2 h 36.

Depuis 2008, la station nationale de radio publique des États-Unis NPR organise une série de concerts intitulée Tiny Desk. Le concept : accueillir des musiciens confirmés ou encore confidentiels dans un décor de bureau pour des prestations intimes. Depuis la création du programme, la liste des musiciens qui s’y sont produits est impressionnante et éclectique : Bill Frisell, Lizzo, Raphael Saadiq, Sheryl Crow, Alicia Keys, The Smile, Sting ou encore Christian McBride. Chaque nouveau numéro est un petit événement et les morceaux interprétés sont souvent réarrangés pour s’adapter à la promiscuité induite par le studio.

Aux États-Unis, le mois de juin est placé sous le signe de la musique noire américaine et Tiny Desk a décidé cette année de présenter le travail de musiciennes. C’est la chanteuse nigériane Tems qui a lancé le cycle avec un concert introduisant son premier album. Ont suivi la rappeuse de Philadelphie Tierra Whack pour une prestation sans artifice, l’explosive chanteuse de gospel Kierra Sheard dans un bureau bondé incluant chœurs et cuivres, et la plus connue Meshell Ndegeocello, dorénavant davantage cheffe d’orchestre que bassiste, pour un hommage à James Baldwin alliant récitations de textes de l’écrivain et nouvelles mélodies ­planantes.

Toutefois, parmi l’ensemble des concerts pour l’instant proposés, deux retiennent particulièrement l’attention. D’un côté, Lakecia Benjamin a offert une prestation bluffante. Prodige du saxophone alto, mais aussi chanteuse, elle offre un set d’un quart d’heure qui laisse pantois quant à la diversité et à la maîtrise de ses influences. Aux manettes de son quintet, celle qui a longtemps été accompagnatrice, de Stevie Wonder ou d’Alicia Keys, montre avant tout qu’elle est créatrice d’une musique personnelle dans laquelle les transitions entre hard bop – difficile de ne pas penser à John Coltrane, à qui le dernier morceau est d’ailleurs dédié –, soul et hip-hop sont imperceptibles.

De l’autre côté, le concert de la chanteuse Chaka Khan est un délice. Près de trente-cinq minutes avec celle que l’on nomme ici la « Reine du funk », le concert n’est que joie et générosité. Des tubes – « Tell Me Something Good », « Sweet Thing » repris avec enthousiasme par le public, « I’m Every Woman » –, un groupe soudé et puis cette prestance folle, cette maîtrise vocale dans tous les registres et une vraie leçon pour toutes les jeunes chanteuses de R&B. Tiny Desk est en ligne, accessible gratuitement sur le site de NPR. Pourquoi s’en priver ?

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Musique
Temps de lecture : 2 minutes