« C’était une évidence, je devais m’engager »
Électrice dans la 7e circonscription de l’Oise, Bénédicte Blanco s’est activement mobilisée lors des législatives.
dans l’hebdo N° 1819 Acheter ce numéro
Électrice dans la 7e circonscription de l’Oise, Bénédicte Blanco s’est activement mobilisée lors des législatives. Avec d’autres, elle a sillonné villes et villages pour faire la campagne du candidat du Nouveau Front populaire et éclairer ses concitoyens sur la réalité du Rassemblement national.
Je refais surface doucement après le choc des résultats des élections européennes, de la dissolution et d’une campagne en trois semaines. Oui, tout cela a été éprouvant nerveusement et physiquement pour tous ceux qui se sont engagés dans cette folle bataille contre l’extrême droite. Personnellement, je ne pouvais pas rester sans agir. Je ne m’étais jamais engagée politiquement jusqu’à ce jour mais, cette fois-ci, c’était une évidence. Il fallait se battre pour défendre les valeurs auxquelles je suis attachée et que je défends dans le monde associatif.
Loïc Pen, médecin urgentiste, candidat NFP avec l’étiquette PCF, était le seul qui avançait des idées de solidarité, de justice et de fraternité, sans oublier les minorités en grand danger. Nous savons depuis quelques années que le département de l’Oise et tous les Hauts-de-France ont pris une couleur brune, et il faut du courage aux rares députés de gauche pour lutter. En face de lui se présentaient un député sortant LR et un candidat RN que personne ne connaît.
Loïc Pen pouvait compter sur de nombreuses personnes engagées ou non, et surtout bien organisées. Il y avait des militants politiques, syndicaux, associatifs, novices ou aguerris, et ensemble nous avons œuvré pour couvrir les villes et villages de la circonscription. Nous étions riches de nos expériences différentes selon nos engagements. Cela nous a permis de bousculer les esprits en faisant la clarté sur les vrais visages du RN, de conduire certains à s’interroger et peut-être changer d’avis.
J’ai fait du porte-à-porte dans les immeubles, du boîtage dans les villages, les sorties d’école pour parler avec les parents, les marchés pour aller à la rencontre des habitants, du décollage et collage d’affiches. À raison de 15 à 20 kilomètres, par jour sans compter les étages des immeubles. Cette campagne a mis à rude épreuve mon corps et mon énergie d’enseignante à la retraite depuis peu.
Nous allons continuer à lutter contre les idées du RN.
L’élection de notre candidat semblait possible à l’issue du premier tour si le député sortant, arrivé en troisième position, s’était désisté afin de faire barrage au RN. Mais il n’a rien fait pour éviter une triangulaire malgré les appels de part et d’autre à son retrait. Conclusion : le candidat RN a été élu et vient encore ajouter un peu de brun sur les Hauts-de-France. Les résultats des votes des villages ruraux de notre circonscription sont sans appel. Dur réveil… Pas trop envie de croiser nos voisins dans notre village et autour de nous.
Mais nous allons continuer à lutter contre les idées du RN. Pour moi, cela passe par l’engagement associatif, commencé il y a plusieurs années. Après un engagement dans la communauté Emmaüs locale, des amis et moi avons créé il y a quatre ans Cent pour un toit Oise. Nous mettons à l’abri des mineurs non accompagnés qui sont à la rue faute d’avoir été reconnus mineurs par l’aide sociale à l’enfance de notre département. Nous les logeons et les accompagnons dans leurs démarches afin qu’ils puissent formuler des recours auprès des juges. Les délais sont de plusieurs mois. En attendant, ils ne peuvent pas être scolarisés mais suivent des cours de français.
« Avec la nouvelle loi immigration, les dossiers n’avancent plus. »
Notre capacité d’accueil est de huit jeunes alors que nous recevons des demandes tous les jours. Sept jeunes sur dix n’ont pas choisi de faire le « voyage ». Ils subissent des décisions prises par leurs familles. Ils ont tous un grand désir de s’insérer, d’aller à l’école, d’apprendre un métier et font preuve de beaucoup de courage et de volonté. Depuis quelques mois, avec la nouvelle loi immigration, les dossiers n’avancent plus. Et à la suite des élections, qu’ils ont suivies avec intérêt, les jeunes sont très inquiets pour leur situation, et nous également.
Hasard du calendrier, la semaine précédant le 7 juillet, un groupe de danseurs et de musiciens de Côte d’Ivoire était dans notre ville pour animer un stage de danse. Nos jeunes étaient invités pour partager des moments avec eux et les stagiaires. Ils ont passé de très bons moments ensemble, avec beaucoup de fraternité, de bienveillance et de bonne humeur.
Samedi 6 juillet, sur le marché, les danseurs ont fait une prestation publique. Il y avait de la musique, des costumes traditionnels ivoiriens, de la bonne humeur, du soleil, des passants qui s’arrêtaient, des enfants qui dansaient. C’était une belle bouffée d’oxygène et de fraternité en cette veille du second tour. Et puis, dans le public, j’entends une réflexion qui me ramène vite à la réalité. Une dame dit à son mari : « Tu te rends compte que dans quelques années on sera tous obligés de s’habiller comme eux » et ils s’en vont. Ça fait froid dans le dos. Nous allons continuer plus que jamais à lutter pour les droits de chacun.
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