Laissez les personnes non-blanches faire de la politique !
Kaoutar Harchi souligne la place centrale des militants des quartiers populaires au sein de la gauche, dont certains ont pu accéder aux bancs de l’Assemblée nationale. Et qui laissent espérer pour ce pays un autre avenir que celui qui semblait, le 7 juillet, scellé.
Le fait que le RN n’ait pas obtenu la majorité à l’Assemblée nationale, le 7 juillet, nous rappelle qu’aussi fort que soit le sentiment d’une histoire qui se répète, rien n’est jamais joué d’avance. Il est toujours possible de déjouer le cours des choses, d’inverser les courbes des sondages, de faire advenir un autre réel. Cela n’a pourtant été possible qu’au regard d’un intense travail des militant·es des quartiers populaires qui ont réalisé, en un temps très court, et dans des conditions difficiles, un insensé travail de conviction auprès des populations issues de l’immigration postcoloniale, les poussant à aller voter et à participer à la vie politique française.
L’une des caractéristiques de la condition non-blanche est d’être tenu pour un être gouverné et non qui gouverne.
En France, être perçu comme « arabe », « noir », « musulman », « asiatique », « rrom », prôner l’antiracisme politique, et vouloir faire de la politique en empruntant le chemin de l’élection nationale relève de l’impossible. En effet, l’une des caractéristiques de la condition non-blanche est d’être tenu pour un être gouverné et non qui gouverne.
En ce sens, que des hommes et des femmes – je pense à Amal Bentounsi, Adel Amara, Amadou Ka, Abdelkader Lahmar, Lyes Louffok, Aly Diouara, Sabrina Ali Benali, Mohamed Awad – investis par le Nouveau Front populaire, aient pu affirmer haut et fort leur volonté de participer au gouvernement de la Cité en plaçant au cœur de leur discours la justice raciale est un pas important.
Certes, tous et toutes n’ont pas été élu·es. Tous et toutes ont pourtant fait des scores plus qu’honorables. Je veux croire que c’est un début qui augure l’apparition, au sein de l’arène politique française, non seulement de visages, non seulement de corps, mais plus que jamais d’idées révolutionnaires qui donneront à la France, je l’espère, un autre avenir que celui qui semblait, le 7 juillet, scellé.
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