Avignon : une victoire et ça repart

Les résultats du second tour des élections législatives ont fait des rues d’Avignon en plein festival un lieu de fête. Pour les artistes qui y ont milité, la célébration donne des forces pour la suite.

Anaïs Heluin  • 9 juillet 2024 abonné·es
Avignon : une victoire et ça repart
© Bérangère Jannelle

Comme toutes celles et tous ceux qui ont défendu le Nouveau Front populaire pour faire barrage à l’extrême droite dans le cadre des élections législatives, le mot « soulagement » est celui qui vient d’abord aux lèvres de Bérangère Jannelle. L’heureuse surprise du second tour, la réalisatrice, autrice et scénariste l’a vécue à Avignon auprès des compagnons de la lutte qu’elle y menait avec pour slogan « Le NFP aime la culture ! ».

On ne s’attendait pas à un tel résultat, et nous avons été très touchés de l’ambiance festive qu’il a déclenchée dans les rues d’Avignon.

B. Jannelle

«On ne s’attendait pas à un tel résultat, et nous avons été très touchés de l’ambiance festive qu’il a déclenchée dans les rues d’Avignon. Les habitants de la ville, de toutes classes sociales et origines, se sont mêlés aux artistes et professionnels du spectacle vivant pour célébrer la victoire, ce qui donne beaucoup d’espoir pour la suite», dit-elle. Car il va de soi pour elle et pour les participants au mouvement qu’elle a contribué à initier que celui-ci ne prend pas fin maintenant que le pire a été évité.

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Le doublement du nombre de députés du Rassemblement national à l’Assemblée et la fragilité de l’union à gauche imposent, selon Bérangère Jannelle, une vigilance sur plusieurs points qui ont émergé des rencontres et débats avignonnais. «L’assemblée populaire que nous avons organisée le 5 juillet, réunissant artistes, syndicalistes, députés, élus et membres de la société civile, a mis en avant l’urgence de défendre la liberté de création. Nombreux sont en effet les lieux qui subissent des pressions politiques importantes sur le contenu des œuvres qu’ils présentent, ce qui mène à une standardisation des plus dangereuses. Est aussi apparue avec force la nécessité de rendre plus visible le travail mené par les artistes pour aller à la rencontre des publics, au-delà de la seule présentation d’une œuvre, et d’inventer d’autres façons de le faire. »

« Agir collectivement »

La solidarité inédite qu’a suscitée au sein du milieu artistique la situation politique donne bon espoir à Bérangère Jannelle quant au traitement collectif de ces problèmes qui ne datent pas d’hier. « Ce contexte a créé entre nous une confiance dans notre capacité à agir collectivement pour la défense de nos professions, en dialogue étroit avec les autres services publics et la société civile. Nous avons aussi entamé un dialogue avec le politique que nous avions pour beaucoup désinvesti et qu’il est indispensable de poursuivre. »

L’association Avril qu’a fondée Bérangère Jannelle avec l’artiste Phia Ménard en avril sera l’une des bases de cette action. Créée en réponse à la crise traversée par les artistes indépendants du fait de l’économie catastrophique du spectacle vivant, cette nouvelle structure entend aussi défendre la liberté de la presse, « inséparable de la liberté de création ».

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