Macron et l’antisémitisme : démonstration

Le 18 juin dernier, jour hautement symbolique, le chef de l’État a qualifié le programme du Nouveau Front populaire d’« immigrationniste ». Un mot forgé par l’extrême droite prompt à exciter le sentiment anti-immigrés, bien peu étonnant de la part du macronisme.

Sébastien Fontenelle  • 2 juillet 2024
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Macron et l’antisémitisme : démonstration
Emmanuel Macron, au Touquet, le 30 juin 2024, lors du premier tour des législatives anticipées.
© Yara Nardi / POOL / AFP

Le 18 juin, neuf jours après avoir offert à l’extrême droite antisémite, raciste et xénophobe le nouveau cadeau, venant après tant d’autres, d’une dissolution qui lui ouvrait un rapide raccourci vers le pouvoir, Emmanuel Macron, chef de l’État français, a fustigé, comme pour mieux salir la mémoire de l’appel gaullien à la résistance dont il prétendait ce jour-là célébrer l’anniversaire, ce qu’il a appelé le « programme totalement immigrationniste » du Nouveau Front populaire, au sein duquel la gauche s’est unie contre cette extrême droite antisémite, raciste et xénophobe.

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L’adjectif « immigrationniste » ne se trouve pas dans les dictionnaires : il a été forgé par l’extrême droite antisémite, raciste et xénophobe – chez qui Emmanuel Macron est donc allé, en toute conscience et très volontairement, chercher ce mot dégueulasse. Neuf jours plus tard, le 27 juin, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) a publié son nouveau rapport annuel « sur la lutte contre l’antisémitisme, le racisme et la xénophobie » en France. On lit dans ce rapport que, deux années après la réélection d’Emmanuel Macron, l’intolérance continue de progresser dans ce pays, pour la deuxième année consécutive.

Deux années après la réélection d’Emmanuel Macron, l’intolérance continue de progresser dans ce pays.

On y lit aussi que « c’est le sentiment anti-immigrés qui apparaît le plus corrélé aux autres formes de haine », et qu’« ainsi, une personne rejetant fortement les immigrés sera plus encline à exprimer par ailleurs une opinion misogyne, antisémite, anti-islam, anti-communautariste, à se dire raciste ou à considérer qu’il y a des races supérieures à d’autres ».

Mensonge et diffamation

Il faut ici se rappeler que, le 12 juin, le chef de l’État français avait, lors d’une conférence de presse, accusé la gauche insoumise « de ne pas condamner l’antisémitisme ». C’était, bien sûr, un très sale mensonge – un de plus, dans le règne tout orwellien de ce lugubre personnage – doublé d’une très sale diffamation. La vérité, telle qu’elle se déduit assez facilement des conclusions du rapport de la CNCDH, est qu’en vitupérant le 18 juin, à l’unisson de l’extrême droite antisémite, xénophobe et raciste, contre « l’immigrationisme », et en excitant par conséquent ce que cette commission appelle « le sentiment anti-immigrés », c’est Emmanuel Macron qui a également excité dans l’opinion d’« autres formes de haine » – dont la haine antisémite.

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Pour qui se rappelle que l’un de ses premiers soins, quelques mois après son installation à l’Élysée en 2017, fut de proclamer qu’il souhaitait « honorer » la mémoire du « grand soldat » Pétain, ou qu’il a, quelques années plus tard, maintenu toute sa confiance à un ministre qui soutenait que des juifs « pratiquaient l’usure et faisaient troubles et réclamations » à l’époque napoléonienne, cette désinvolture – pour le dire très gentiment – n’a rien de surprenant : ce qui serait vraiment étonnant serait de s’étonner encore que le macronisme ait permis au parti cofondé par un ancien Waffen SS de devenir dans les urnes le premier parti de France.

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Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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