« Ma Li Beit », perles hybrides

Le superbe premier album du duo Bedouin Burger révèle un univers musical ardent gravitant librement du Moyen-Orient à l’Occident.

Jérôme Provençal  • 2 juillet 2024 abonné·es
« Ma Li Beit », perles hybrides
Lynn Adib et Zeid Hamdan ont fait connaissance en 2018 à Beyrouth via des amis communs. À la suite de cette rencontre, une amitié et une aventure artistique, intimement liées, ont pris forme.
© Diako Yazdani

Ma Li Beit / Bedouin Burger / PopArabia / en concert le 6 juillet à Aix-en-Provence, le 13 juillet à Nantes

Derrière Bedouin Burger se trouvent une femme d’origine syrienne, Lynn Adib, et un homme d’origine libanaise, Zeid Hamdan. Les deux habitent aujourd’hui à Paris et se consacrent séparément en parallèle à divers autres projets musicaux, en solo ou en groupe. Chanteuse, parolière et compositrice, Lynn Adib se distingue de prime abord par la splendeur de sa voix aux mille et une nuances. Elle voue au jazz une prédilection pour la liberté d’expression qu’il induit. Ayant grandi en Syrie, elle a vécu de 2009 à 2018 en France, où elle est réinstallée depuis 2020 après un bref retour au Moyen-Orient.

Multi-instrumentiste, compositeur et producteur, Zeid Hamdan est un protagoniste majeur de la scène alternative du Liban, entré en activité à la fin des années 1990. On l’a découvert un peu après grâce à Soapkills, duo adepte d’une séduisante électro-pop arabisante, formé avec sa compatriote chanteuse Yasmine Hamdan (sans lien de parenté). Après y avoir passé quelques années durant son enfance, il vit de nouveau en France depuis 2021.

Lynn Adib et Zeid Hamdan ont fait connaissance en 2018 à Beyrouth via des amis communs. À la suite de cette rencontre, une amitié et une aventure artistique, intimement liées, ont pris forme. Amorcée en 2019 dans la capitale libanaise, leur collaboration musicale s’est poursuivie à distance en 2020 – pandémie oblige – et s’est consolidée à partir du moment où le duo s’est retrouvé à Paris, trouvant ici des conditions idéales pour développer son projet.

Unir des cultures éloignées

Assez badin blagueur, le nom Bedouin Burger traduit en souriant la volonté d’unir des cultures éloignées les unes des autres entre Moyen-Orient et Occident. Originaux ou reprises, leurs morceaux s’inspirent des musiques populaires du monde arabe – en particulier le chaâbi – et intègrent par ailleurs des éléments de pop, de jazz ou d’électro, la voix enchanteresse de Lynn Adib parachevant l’ensemble.

Déjà très remarqué avec l’EP BB (2023), le duo persiste et signe avec son premier long format, Ma Li Beit, riche de douze morceaux superbement (mé)tissés. Les textes – en différents dialectes arabes – évoquent principalement l’exil, le mal du pays et la mélancolie, thèmes dont la magnifique ballade « Nomad » offre une parfaite quintessence. On y entend des accords de guitalélé (hybride miniature entre la guitare et le ukulélé), instrument fétiche de Bedouin Burger.

Autres chansons saillantes : la majestueuse « Taht El Wared », célébration de la vie à travers l’épreuve du deuil, la syncopée « Esha », avec le renfort vocal du rappeur libanais Bu Nasser Touffar, et la percutante « Dabkeh », la plus techno de l’album, proche d’Acid Arab.

Recevez Politis chez vous chaque semaine !
Abonnez-vous
Musique
Temps de lecture : 3 minutes