Résistances

À quoi ressemblera la France après la trêve estivale, ou olympique, à laquelle aspire Emmanuel Macron ? Qui gouvernera ? À quoi ressemblera le monde de l’après-Biden ? Face au désordre, des résistances partout s’organisent, inspirant autant le respect que l’espoir d’un monde meilleur.

Pierre Jacquemain  • 24 juillet 2024
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Résistances
Rassemblement place de la République, à Paris, le 27 juin, avant le second tour des législatives anticipées.
© Maxime Sirvins

Mesurons-nous à quel point la séquence électorale qui vient de s’achever va durablement affecter notre vie sociale et politique ? D’abord parce que la progression vertigineuse de l’extrême droite et la crédibilité de la perspective de sa prise de pouvoir à court ou moyen terme ont généré une hausse inédite des actes racistes et antisémites. La responsabilité du Rassemblement national et des médias est incontestable.

Plusieurs milliers de personnes, faisant figure d’immigrés, vivent cette violence dans leur chair au quotidien – qu’elle soit physique, verbale ou symbolique par la discrimination au travail par exemple. Ensuite parce que le regain d’intérêt des Français pour les élections – leur participation aux législatives a été exceptionnelle – n’a pas été suivi d’effet.

Dans quelle démocratie on ne rend pas le pouvoir après avoir perdu ?

Bien qu’ils aient mis en échec Macron et ses amis au Parlement européen, Ursula von der Leyen reste présidente de la Commission européenne. Bien qu’ils aient mis en échec Macron et ses amis au Parlement français, Gabriel Attal et Yaël Braun-Pivet conservent leur poste de premier ministre et de présidente de l’Assemblée nationale. Ainsi Aurore Bergé s’est-elle félicitée sur X, après trois défaites successives, de ce statu quo délirant :

« La plus belle des victoires, c’est celle de la démocratie, celle du vote, dans la clarté et le respect de nos valeurs ! » Contrairement à ce qu’elle dit, leur plus belle des victoires, c’est bien celle du déni de ce qu’ont exprimé les électeurs. Dans quelle démocratie on ne rend pas le pouvoir après avoir perdu ?

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À quoi ressemblera la France après la trêve estivale, ou olympique, à laquelle aspire Emmanuel Macron ? Qui gouvernera ? Bien malin qui peut le prédire. La gauche attend son heure sans trop y croire. Et la droite – il faut préciser que dans les cinquante nuances de droite, il est question ici de celle de Laurent Wauquiez – espère bien pouvoir peser sur les grands textes à venir, sans pour autant se mouiller dans un gouvernement qui lui ferait perdre ses plumes d’ici à la grande échéance de 2027. Pas folle la guêpe.

Urgences

Le plus probable finalement, c’est une année d’immobilisme et d’attentisme jusqu’à la prochaine dissolution. Une situation dont on a du mal à estimer les conséquences tant les urgences sociales, écologiques et démocratiques sont immenses. Une situation dont on se dit que seul le RN pourrait tirer son épingle du jeu, alors que la Macronie est rejetée par deux tiers des Français et que la gauche, bien qu’en tête aux dernières législatives, s’enlise sur un nom commun après avoir fait front commun (1).

Article bouclé avant que le nom de Lucie Castets émerge comme candidature du Nouveau Front populaire pour Matignon.

Dans le même temps, le doute subsiste sur le monde qui vient. À quoi ressemblera le monde de l’après-Biden ? Les grands désordres du monde, l’affaissement des puissances occidentales et l’émergence de nouveaux acteurs, des guerres aux crises économiques en passant par les effets du réchauffement climatique, conduisent des millions de personnes sur les routes de l’exil. Des routes de plus en plus périlleuses avec des États qui se barricadent derrière leur nationalisme teinté de xénophobie et de haine de l’étranger. Comme l’impression de vivre dans la série Years and Years – à voir absolument !

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Heureusement, des résistances s’organisent un peu partout dans le monde comme en Ukraine face à l’invasion russe, en Palestine contre le génocide en cours dans la bande de Gaza ou la colonisation en Cisjordanie, en Argentine avec les politiques mortifères de Javier Milei qui plongent les Argentins dans la pauvreté, ou encore aux États-Unis avec l’hypothèse du retour de Donald Trump. Des résistances qui inspirent autant le respect que l’espoir d’un monde meilleur. Car, comme le dit Johann Chapoutot dans nos colonnes, le scénario catastrophe n’a rien d’inéluctable.

Mais d’ici là, pour passer l’été, essayons comme le suggère la reine du marouflage, Valérie Damidot, « de se marrer avant la noyade ». Bel été à toustes !

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Parti pris

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