Toubib et humain

Antoine Page a filmé son frère pendant la durée de ses études de médecine.

Christophe Kantcheff  • 27 août 2024 abonné·es
Toubib et humain
Tout l’intérêt du film vient des commentaires qu’Angel confie à son frère avec d’autant plus de facilité que leur complicité est patente.
© La maison du directeur / distribution

Toubib / Antoine Page / 1 h 53.

Voici un film dont le projet initial s’annonçait plus que hasardeux. Antoine Page, le réalisateur, a dû autofinancer une grande partie de son tournage. Celui-ci a duré douze ans, car il a décidé de filmer son frère, Angel, du début à la fin de ses études de médecine, tout en n’ayant aucune certitude sur le fait qu’il irait plus loin que la première année. Finalement, Toubib existe bel et bien et s’avère être un documentaire ­passionnant.

Angel confronte son désir d’être médecin à la manière dont se déroulent les études. Hormis la première année d’intense bachotage, rien ne le rebute, surtout pas le rapport aux patients, qui va aller en s’intensifiant avec le temps et les stages dans les différents services hospitaliers. Son objectif, qu’il formule assez rapidement : devenir généraliste. On constate qu’Angel a un comportement ouvert, humain, chaleureux.

Point aveugle

En près de deux heures, le réalisateur ne peut entrer dans le détail de ces années d’apprentissage ; il en donne une idée qui ne paraît pourtant jamais simpliste grâce à un excellent travail de montage. Mais ce qui fait tout l’intérêt du film vient des commentaires qu’Angel confie à son frère avec d’autant plus de facilité que leur complicité est patente. Ses capacités d’analyse du système de santé se font toujours plus précises, même si elles sont influencées par ses propres inclinations.

Par exemple, il voit une solution aux déserts médicaux dans les zones rurales grâce à un investissement de jeunes médecins sur des durées limitées, qui se relaieraient. Surtout, il distingue ce qui fait la faiblesse de la médecine en France aujourd’hui. Non pas son niveau de technicité, qu’il sait très haut. Mais ce point aveugle que sont pour elle les facteurs sociaux des patients. « C’est une politique sociale de santé qu’il faudrait », affirme-t-il.

Il ne s’en tient pas à ce propos. Lui-même a choisi d’intégrer cette dimension dans sa pratique. C’est pourquoi, après y avoir fait des remplacements au cours de sa onzième année, il est devenu généraliste dans un centre de santé communautaire associatif situé dans les quartiers nord de Marseille, qui mériterait un documentaire à lui seul. Toubib s’achève sur ces mots : « À suivre. » Chiche ?

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Cinéma
Temps de lecture : 2 minutes