L’épouvantail de la dette publique (suite)
L’épouvantail de la dette publique est de nouveau brandi à l’approche de la présentation du projet de loi de finances 2025. De quoi justifier de nouvelles coupes futures dans les dépenses.
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La fiscalité s’invite enfin dans le débat budgétaire Impôts : malgré l’échec du ruissellement, les macronistes figés dans la pensée uniqueL’épouvantail de la dette publique est de nouveau brandi à l’approche de la présentation du projet de loi de finances 2025. En 2005, alors que le ratio dette/PIB était seulement de 65 % du PIB, le rapport Pébereau criait déjà au loup. En 2007, le premier ministre François Fillon déclarait « être à la tête d’un État en faillite », pour mieux justifier une révision générale des politiques publiques programmant la suppression d’un poste de fonctionnaire sur deux.
En 2009, les États n’eurent pourtant aucun problème à s’endetter pour venir au secours des banques, compromises dans la crise des subprimes. Dans la zone euro, le taux d’endettement moyen passa de 69 à 85 % du PIB ! On fit payer la facture aux peuples par une décennie austéritaire qui n’enraya aucunement la montée de l’endettement. Au contraire, l’austérité tua la croissance et les recettes fiscales induites par celle-ci.
Le deuxième véritable bond en avant de la dette publique intervint lors de la crise du covid-19. En Europe, la clause dérogatoire du pacte de stabilité (PSC) fut activée pour permettre aux États d’emprunter « quoi qu’il en coûte ». La Banque centrale européenne amplifia ses programmes de rachat de dettes pour leur permettre de s’endetter à taux bas. En France, le taux d’endettement culmina à 118 % du PIB début 2021. Mais, loin de s’avérer improductive, la dette engendra un effet multiplicateur qui porta la croissance à 6,4 % cette année-là, puis 2,5 % l’année suivante.
Les gains de PIB engendrèrent des recettes fiscales qui permirent au stock de dette de dégonfler : à 112,7 % en 2022, 110 % en 2023, 109,5 % en 2024. Les charges annuelles de la dette furent contenues. L’heure du retour en grâce des politiques keynésiennes anticycliques semblait avoir sonné. La Commission européenne fut mandatée pour proposer une réforme du PSC permettant aux pays en procédure de déficit de déployer, malgré tout, les investissements nécessaires à la transition écologique.
Las, l’Allemagne fit capoter le projet et la France ne pipa mot. Et pour cause, l’agenda fiscal des milieux d’affaires, appliqué depuis 2017 par l’exécutif, est de faire sécession quant au financement de l’État social. La fonction idéologique du discours anxiogène sur la dette est de garantir l’irréversibilité des 70 milliards de baisses d’impôts obtenues, qui font naturellement défaut aux finances publiques.
Le déficit actuel est de surcroît supérieur aux prévisions en raison de l’inaptitude de la politique de l’offre à soutenir l’activité, ce qui explique que les recettes escomptées de l’impôt sur les sociétés et de la TVA fassent défaut. L’épouvantail de la dette est alors brandi pour justifier de nouvelles coupes dans des dépenses que l’on n’aura plus à financer, dans le futur, par des relèvements d’impôts et de cotisations.
Pendant ce temps, en déployant l’Inflation Reduction Act, les États-Unis de Joe Biden affichent un bilan économique sans précédent, malgré un déficit public de 8 % du PIB et un taux d’endettement stabilisé à 120 % du PIB.
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