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Où notre chroniqueur de bonne humeur note la facilité avec laquelle le chef de l’État a pu organiser son braquage électoral, avec le soutien d’une certaine « gauche » et de fidèles auxiliaires que sont les journalistes « politiques » dominant·es.
dans l’hebdo N° 1829 Acheter ce numéro
L’on ne peut qu’être quelque peu épaté·e par la facilité avec laquelle M. Macron, chef de l’État français, vient d’abolir, purement et simplement, la démocratie française, telle que bon an mal an elle allait depuis 1945, avec toutes ses imperfections – lesquelles étaient, de fait, nombreuses, mais tout de même.
C’est d’abord et avant tout aux journalistes « politiques » dominant·es que M. Macron doit son succès.
C’est merveille, en effet, qu’il ait pu si tranquillement confisquer le résultat d’une élection gagnée en juillet par la gauche réunie au sein du Nouveau Front populaire (NFP), puis nommer en septembre, après avoir quémandé avec succès la permission d’une extrême droite contre laquelle il avait pourtant promis (en 2017) puis regaranti (en 2022) qu’il construirait un « barrage », un « premier ministre » sans légitimité (et dont la fonction sera donc ici écrite, dorénavant, entre guillemets) qui s’est à son tour ceinturé d’un gouvernement non moins (complètement) illégitime, où paradent fièrement les perdant·es déhonté·es de l’élection en question, et où traînent, comme en remboursement de la dette contractée auprès du Rassemblement national lorsqu’il a permis ce coup, quelques figures dont la conversation reproduit à l’identique celle de Mme Pen fille (1).
De telle sorte, on l’aura compris, que, dans les temps qui viennent, la doxa de l’extrême droite sera toujours plus normalisée depuis le plus haut sommet de l’État français – et que les chances de ladite Pen d’emporter la prochaine élection présidentielle s’en trouveront encore démultipliées. Merci qui ? Merci Macron.
Bien sûr, M. Macron n’a pas réussi seul cette exemplaire dislocation de la démocratie. Il a reçu dans cette entreprise totalitaire – répétons que nous parlons ici du vol d’une élection – de nombreux soutiens, jusques et y compris au sein de la misérable « gauche » qui refuse toujours de se rendre à l’évidence qu’elle est une droite minable, et qui lui a fait le cadeau merveilleux d’adhérer à la fable selon laquelle c’est le NFP qui a permis cette subversion en refusant de mettre M. Cazeneuve (2) dans Matignon.
Rires.
Mais c’est d’abord et avant tout aux journalistes « politiques » dominant·es que M. Macron doit son succès. Car, dès le lendemain du braquage électoral de juillet, ces fidèles auxiliaires d’un régime dont même un enfant de 3 ans pouvait ce jour-là constater qu’il était en train de tuer le suffrage universel ont refusé de nommer pour ce qu’il était ce coup de force antidémocratique. Tout au rebours : la presse et les médias mainstream l’ont, tout au long de l’été, placidement commenté, comme s’il s’inscrivait dans une parfaite normalité institutionnelle.
Cela nous dit que, si nous décidons de sortir enfin de la résignation qui nous fait ces heures-ci accepter l’inacceptable, et de nous mobiliser en masse – et de toutes les manières acceptables – pour reprendre enfin ce qui nous a été volé en juillet, nous devrons aussi, et vitement, nous confronter à l’impérieuse nécessité d’en finir avec l’écrasement « journalistique » de la démocratie.
Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.
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