« S.O.S. Culture », de Serge Regourd : Mauvais spectacle

S .O.S. Culture est un petit livre d’intervention incisif, que Serge Regourd signe comme universitaire, militant de la cause culturelle et élu en charge des activités culturelles. Ayant été écrit avant le début de la pandémie, cet essai ne constitue pas une alerte circonstancielle due à la situation présente, avec la fermeture continue des lieux culturels. Mais il éclaire sur le profond désintérêt dont fait preuve le gouvernement actuel. Car, si celui-ci a la « start-up nation » pour logiciel, avec une prédilection implicite pour les plateformes numériques, d’autres raisons, plus structurelles, entrent en jeu.

On ne sera pas étonné que Serge Regourd fasse ce constat : dans notre univers médiatique, la culture a été absorbée par le divertissement. Les exemples sont légion. La nomination au poste de ministre de la Culture d’une des grandioses figures de l’émission « Les Grosses Têtes » en est, pour l’auteur, le meilleur symbole. L’analyse qu’il livre ensuite est, de nos jours, moins souvent faite : elle montre comment le politique s’est peu à peu désengagé. De la démocratisation culturelle à la Malraux, on est passé à la défense de l’exception culturelle, elle-même remplacée par la notion plus creuse de diversité culturelle, pour enfin laisser libre cours au marché « comme référentiel de substitution ».

Serge Regourd ne se contente pas d’offrir une argumentation solide – dont on peut ne pas toujours approuver certains détails (la référence à Jean Clair, par exemple). Il termine par des propositions pour opérer une « reconquête culturelle » : faire le lien entre culture et éducation, refonder la télévision publique, définir conjointement des politiques culturelles dans les collectivités territoriales, notamment. Beau programme !

S.O.S. Culture, Serge Regourd, Indigène éditions, 40 pages, 5 euros.