La Déter, refuge sensible

Le lieu d’accueil – au sens large – initié par le danseur et chorégraphe David Wampach, dans le Gard œuvre depuis 2022 à favoriser la création autant qu’à générer du lien social.

Jérôme Provençal  • 4 septembre 2024 abonné·es
La Déter, refuge sensible
Le spectacle itinérant "Heimaey", de David Wampach, lors du Festival Déter de l’année dernière.
© Valérie Archeno

Festival Déter / du 6 au 8 septembre / La Déter / La Grand-Combe (30)

Originaire d’Alès, David Wampach est revenu au pays natal en 2016, après une longue période parisienne, et s’attache depuis à approfondir son implantation dans le département du Gard. À la suite de ce retour au bercail, il a notamment travaillé, de 2016 à 2019, avec La Maison, centre de développement chorégraphique national (CDCN) basé à Uzès, en tant qu’artiste associé, statut dont il avait bénéficié auparavant, de 2012 à 2016, avec le Cratère, scène nationale d’Alès.

« J’avais à cœur de prolonger ces expériences par un projet dans lequel j’aurais davantage un rôle d’initiateur et de m’inscrire dans un lieu dédié », nous confie aujourd’hui David Wampach. Il s’est ainsi tourné vers Patrick Malavieille, engagé en politique depuis les années 1980, membre du PCF, alors maire de La Grand-Combe. Ancienne cité minière située au pied des Cévennes, à une dizaine de kilomètres d’Alès, cette petite commune du Gard résiste encore vaillamment à l’actuelle déferlante d’extrême droite. Au second tour des dernières législatives, le candidat LFI-NFP y a obtenu 72,10 % des voix, le candidat LR-RN étant néanmoins sorti vainqueur sur l’ensemble de la circonscription.

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Grâce à l’accueil favorable de Patrick Malavieille, le projet porté par la structure de David Wampach (l’association Achles) a pu se concrétiser. Aménagé dans le bâtiment de l’ancien office de tourisme de La Grand-Combe, au cœur de la commune, le lieu a été inauguré en juillet 2022. Son nom, La Déter, exprime d’abord l’idée de détermination. Suggérant ensuite le désir de déterrer et de valoriser les énergies locales, il fait écho au nom de la déesse grecque de ­l’agriculture, Déméter, et traduit aussi un engagement ­écoresponsable.

S’il apporte à David Wampach un espace autonome pour développer sa pratique chorégraphique, l’endroit est avant tout conçu comme un refuge, ouvert à d’autres artistes (de disciplines diverses), qui peuvent venir y effectuer des temps de résidence. « Nous accueillons des projets qui ont du sens avec l’action que nous menons ici », précise le chorégraphe.

Démarche inclusive

Instrument au service de la création, en lien étroit avec le territoire et sa population, La Déter a pour objectif connexe d’atteindre un large public. Cette démarche inclusive s’exerce en particulier à l’égard des personnes en situation de handicap, avec le renfort d’autres structures locales, dont le collectif spécialisé Caba, présent sur tout le territoire alésien. Le croisement des générations fait également l’objet d’une attention particulière.

Les rencontres avec le(s) public(s) s’effectuent par différents biais. Sont proposés par exemple des ateliers ou des stages, animés par des artistes, dont le créateur sonore Tom Crebassa et la chorégraphe Léa Leclerc – lui et elle faisant partie du noyau dur de cette petite entreprise. S’ajoutent des événements ponctuels, parmi lesquels un festival annuel qui met en exergue l’activité de La Déter et invite à partager des expériences variées dans la ville ou en dehors.

Au programme de l’édition 2024 figure notamment une longue balade en nature – mêlant temps de marche, pauses avec intermèdes chorégraphiques et autres surprises sensorielles – sous la conduite de David Wampach, du chorégraphe Christian Ubl et du musicien Seb Martel. Autre moment saillant : un parcours radiophonique à travers La Grand-Combe, orchestré par Tom Crebassa, via un émetteur portatif à faible portée. Les personnes qui participent à l’expérience se trouvent, quant à elles, munies de petits transistors. Des formes sonores créatives se déploient ainsi durant une heure, au fil du parcours, entre enregistrements réalisés en amont et interventions performatives en live.

Citons enfin On file sous la tente, proposition inédite de Maeva Cunci et Jérémie Angouillant. Montée et habitée avec les habitant·es, dans un jardin à proximité de La Déter, une grande tente en mode patchwork fait office de lieu de détente et d’espace d’échange, permettant ainsi de tisser de multiples liens dans un cadre propice – à l’image du projet d’ensemble.

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Politique culturelle
Temps de lecture : 4 minutes