« Heartists for Palestine », airs humanitaires

Le projet s’efforce d’apporter un soutien matériel à la population en souffrance de la bande de Gaza via des compilations musicales proposées sur bandcamp, au contenu – en majorité folk-rock – totalement inédit.

Jérôme Provençal  • 11 septembre 2024 abonné·es
« Heartists for Palestine », airs humanitaires
Tous les morceaux réunis sont inédits et offerts par les artistes. L’argent collecté revient en intégralité à la Palestinian Medical Relief Society (PMRS).
© PMRS

Heartists for Palestine est né de la tragédie en cours dans la bande de Gaza. Objectif du projet ? Mobiliser des artistes d’ici et d’ailleurs, évoluant dans la sphère du rock indé, afin de réaliser des compilations, disponibles uniquement sur bandcamp, à l’écoute et à l’achat, pour un montant minimal de 10 euros.

Créés pour la circonstance ou issus d’archives, tous les morceaux ici réunis sont inédits et offerts par les artistes prenant part à l’initiative. L’argent collecté revient en intégralité à la Palestinian Medical Relief Society (PMRS). Fondée en 1979, cette ONG palestinienne, qui coopère avec diverses structures régionales et internationales, s’emploie à fournir des soins médicaux à Gaza et en Cisjordanie.

Ce projet, si humble soit-il, se veut un geste concret d’entraide en même temps qu’une voix qui s’élève.

«Ce projet, si humble soit-il, se veut un geste concret d’entraide en même temps qu’une voix qui s’élève, un regard qui ne se détourne pas. Il témoigne de l’assurance que nous sommes, par-delà l’espace, intimement liés. Nous appartenons à la même humanité», peut-on lire dans le texte présentant Heartists for Palestine.

Le principal porte-parole en est Pierre Lemarchand. Engagé au sein du Secours populaire français depuis 1997, d’abord en tant que bénévole puis en tant que salarié, il fait actuellement partie de l’équipe de communication. Mélomane, grand amateur de rock indé, il officie parallèlement comme critique musical pour diverses publications et compte aussi plusieurs livres à son actif, dont Patti Smith & Arthur Rimbaud, une constellation intime.

À ses côtés, la tourneuse Steffy Beckett et la chroniqueuse musicale Laurence Buisson contribuent via leurs réseaux respectifs au développement d’Heartists for Palestine, l’idée initiale ayant jailli spontanément lors d’une discussion après un concert de la chanteuse folk californienne Emily Jane White (elle-même impliquée dans cet échange).

Baume musical

Partenaire majeur de la PMRS, le Secours populaire français se charge de transmettre à l’organisation palestinienne les fonds générés par les compilations. Deux ont déjà vu le jour, délivrant au total vingt-neuf morceaux, principalement dans le champ folk-rock, avec des nuances très variées. Quelques escapades tendent vers des terres plus expérimentales, au-delà du rock. Dans une tonalité souvent crépusculaire, sans jamais être larmoyant, l’ensemble, de haute qualité, évoque une forme de (précieux) baume musical.

Intitulée L’or apparaît de l’abîme, la première compilation a vu le jour en mai. Parmi les quatorze contributions se détachent – entre autres – une poignante complainte épurée (« I Fell Between », Emily Jane White), une splendide cavale mélancolique (« Tout le monde », La Maison Tellier), une magnifique méditation instrumentale (« Innocence Not Lost But Stolen », Matt Eliott) et une orageuse traversée sonore amenant vers une possible aurore (« L’Incertitude du retour des oies sauvages », Christine Ott).

Riche de quinze morceaux, la deuxième compilation, Counting the Strips of Light, est en ligne depuis le mois de juillet. Outre d’intenses ballades (« To Sleep », Nadine Khouri ; « Le feu qui nous rend las », Stranded Horse ; « How Much », Sophie Jamieson), on y trouve notamment une longue et palpitante exploration instrumentale captée en live (« No Night Is Long Enough to Dream Twice », Aidan Baker, ­Frédéric D. Oberland et Saåad).

Au 1er septembre, 3 000 euros avaient été récoltés – une somme dérisoire au regard de la précarité absolue à laquelle la Palestinian Medical Relief Society doit se confronter dans la bande de Gaza, où le pire semble chaque jour encore à venir. «Il n’y a plus d’ambulance ni de clinique mobile car les routes sont défoncées et le parc automobile de la PMRS a été détruit, explique Pierre Lemarchand. Il reste seulement des équipes mobiles à pied qui interviennent où et comme elles peuvent, notamment dans les camps de secours pour les personnes déplacées. L’organisation a un besoin urgent d’aide financière pour pouvoir continuer à agir. »

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Musique
Temps de lecture : 4 minutes