Ne retenez pas leurs noms !

Emmanuel Macron s’est fait élire par deux fois pour faire barrage au Rassemblement national. Il finit son septennat en nommant un gouvernement bleu marine, qui ne fait que passer.

Pierre Jacquemain  • 24 septembre 2024
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Ne retenez pas leurs noms !
Manifestation contre le gouvernement « Macron-Barnier », à Paris, le 21 septembre 2024.
© Dimitar DILKOFF / AFP

On savait Emmanuel Macron pire DRH de la République. La séquence qui vient de se terminer avec la nomination du premier gouvernement de Michel Barnier – et sans doute le dernier – nous le confirme à nouveau. Il aura fallu attendre douze semaines. Douze semaines au cours desquels le président de la République a épuisé tant de noms. Jetés en pâture. Testés pour Matignon. Connus ou inconnus. De gauche, de droite, du centre : Xavier Bertrand, Bernard Cazeneuve, Thierry Beaudet, David Lisnard.

Ils sont interchangeables. Et n’ont aucun pouvoir ! Une bande de médiocres.

La liste est longue. Pour finir avec un premier ministre le plus compatible avec l’extrême droite. Macron s’est fait élire par deux fois pour faire barrage au Rassemblement national. Il finit son septennat en nommant un gouvernement bleu marine. Ne retenez pas leurs noms – Gil Avérous, Olga Givernet, Antoine Armand, Agnès Canayer, Marc Ferracci, Marie-Agnès Poussier-Winsback, Salima Saa, etc. –, ils ne font que passer. Quel triste spectacle que les passations de pouvoir dans les ministères. C’est leur donner beaucoup d’importance. Ils s’en donnent d’ailleurs beaucoup à eux-mêmes.

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Fanfaronnant à coups de « je suis si fier » ou « je pense à mon arrière-grand-mère, ma mère, ma tante ». Qu’est-ce qu’on s’en fout. On sourit des postures des uns et des autres. Et de leurs habits trop grands. Sans convictions chevillées au corps – il faut ne pas en avoir pour croire qu’un gouvernement des bonnes volontés, du « bon sens » comme ils disent, peut voir le jour –, sans expériences particulières. Ils sont interchangeables. Et n’ont aucun pouvoir ! Une bande de médiocres.

L’une, jugée trop à droite pour le ministère de la Famille – elle est opposée à la constitutionnalisation de l’IVG, à la création d’un délit sanctionnant les thérapies de conversion et au mariage pour tous –, s’est même vue maintenue dans le casting gouvernemental au ministère de la Consommation. Laurence Garnier : ne retenez pas son nom, elle ne fait que passer. L’autre, homophobe, se voit promu au ministère de la Lutte contre les discriminations. Othman Nasrou : ne retenez pas son nom, il ne fait que passer. Ils ne font que passer. C’est certes le lot de tous les membres d’un gouvernement mais il y a fort à parier – et fort à souhaiter – que ceux-là ne vont pas durer. Même Bruno Retailleau, qui joue (mal) les gros bras, depuis la place Beauvau, n’est pas crédible pour deux sous.

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La surreprésentation de ministres hostiles aux étrangers, obsédés par l’immigration, engagés contre les mouvements écologistes et LGBTQIA+, déterminés à en découdre avec ce qu’ils appellent « l’idéologie woke » ou « islamo-gauchiste » – à l’instar du nouveau ministre de l’Enseignement supérieur, Patrick Hetzel (que vous pouvez d’ores et déjà oublier) – interroge en réalité sur l’état du macronisme. Voire dit tout de ce qu’est le macronisme. Parce que nous ne sommes pas en cohabitation. Parce que Michel Barnier n’est pas l’opposant à Emmanuel Macron. Parce que le macronisme est un néolibéralisme autoritaire, ultra-conservateur. Parce que Barnier n’a pas de pouvoir. Parce que nous sommes dans une monarchie présidentielle. Et qu’Emmanuel Macron seul préside et gouverne.

Mais après avoir épuisé Barnier 1 – ce qui, avec censure ou non, ne saurait tarder –, il lui restera deux options : appeler le Nouveau Front populaire à Matignon. Ou démissionner. L’un dans l’autre, vous pouvez alléger vos mémoires de tous leurs noms. L’histoire ne les retient pas. L’histoire ne les retiendra pas.

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Parti pris

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