« Flow », une inondation de beauté

Le film d’animation du jeune réalisateur Gints Zilbalodis suscite l’enchantement.

Christophe Kantcheff  • 29 octobre 2024 abonné·es
« Flow », une inondation de beauté
Dans le film, l'onirisme n’est jamais émollient, et constitue une forme de respect envers les publics enfants et adultes.
© UFO Distribution

Flow / Gints Zilbalodis / 1 h 25.

Une merveille. Flow, deuxième long métrage d’animation de Gints Zilbalodis, suscite un enchantement considérable. Ayant pour sous-titre « Le chat qui n’avait pas peur de l’eau », le film se déroule dans notre monde qui aurait été déserté par les humains mais non par les animaux. Ceux-ci ont à faire face à une gigantesque inondation, l’eau recouvrant toute la surface de la Terre. Qui de mieux, parmi les espèces animales, qu’un chat pour affronter un tel cataclysme ?

D’autant que celui-ci va devoir forcer deux fois sa nature : se confronter à l’eau, donc, et en rabattre sur son esprit d’indépendance. Car la survie passe par la solidarité avec d’autres espèces : en l’occurrence un chien, un oiseau, un lémurien et un rongeur (un capybara), tout ce petit monde se retrouvant sur un même bateau – au sens littéral.

Dénué de dialogues mais nourri d’une riche bande-son (issue du milieu naturel) et d’une musique accompagnante mais non envahissante, le film allie les caractéristiques animales (en particulier le goût des lémuriens pour les objets brillants) et un parcours initiatique qui pourrait être celui d’humains. Réalisé en 3D, le film bénéficie de la liberté des plans et de l’audace des angles de vue que cette technique permet, mais il n’en a aucune des tares, en particulier cette impression de toc que véhicule l’image de synthèse.

Réalisme et onirisme

C’est le fruit d’un gros travail sur le réalisme, au sein duquel le merveilleux peut se déployer : qu’il s’agisse de paysages visuellement inédits, d’un énorme animal-poisson qui apparaît de manière récurrente, ou de la métaphore du départ de l’oiseau vers les cieux. Cet onirisme n’est jamais émollient, et constitue une forme de respect envers les publics enfants et adultes.

De qui est cette splendeur ? D’un jeune réalisateur letton de 30 ans, autodidacte. C’est petit à petit, en confectionnant des courts métrages, qu’il a appris des techniques et progressé. Grâce à l’accueil dont a bénéficié son premier long, Ailleurs (2020), réalisé seul, Gints Zilbalodis a pu bénéficier cette fois de l’apport d’une équipe technique. Son talent n’en est que plus valorisé, mais il reste singulier et promet d’autres joyaux à venir.

Cinéma
Temps de lecture : 2 minutes