Micro-Folie, l’art à portée de clic

En déploiement continu depuis 2017, le programme Micro-Folie rend accessible à des publics éloignés de la culture un riche ensemble de contenus via un dispositif numérique modulable à l’envi. Il s’expérimente même désormais au sein de la prison de Fleury-Mérogis.

Jérôme Provençal  • 23 octobre 2024 abonnés
Micro-Folie, l’art à portée de clic
© Nicolas Krief

Nécessitant une salle de 100 mètres carrés minimum, sans infrastructure particulière, une Micro-Folie peut être aménagée au sein de lieux très divers. Si les espaces municipaux (médiathèques, écoles, centres culturels…) s’avèrent majoritaires, d’autres sites plus insolites sont aussi investis : une église désacralisée, un centre commercial, un chapiteau ou encore d’anciennes commanderies de templiers. La Micro-Folie peut même fonctionner en itinérance, comme celle qui a navigué durant un an entre plusieurs îles au large de la Bretagne.

Porté par le ministère de la Culture et coordonné par l’établissement public du Parc et de la Grande Halle de La Villette, le projet repose précisément sur la volonté d’apporter une offre culturelle de qualité, soutenue par un important travail de médiation, à des publics qui en sont privés ou y ont difficilement accès.

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Aussi simple à installer et à désinstaller que facile à transporter, variant en fonction des lieux et des besoins, le dispositif mis en place implique un équipement technique (ordinateur, tablettes, grand écran, vidéoprojecteur…) dont le financement est assuré à hauteur de 80 % par l’État. L’élément central consiste en un Musée numérique grâce auquel il est possible de découvrir des œuvres d’art numérisées en très haute définition, des vidéos de spectacles ou de concerts, des films scientifiques, etc.

Le Louvre, le Centre Pompidou, le Festival d’Avignon, l’Institut du monde arabe, la Philharmonie de Paris, le Musée d’Orsay et Universcience comptent parmi les douze institutions nationales qui alimentent régulièrement ce musée dernier cri depuis sa création. Au fur et à mesure, des structures régionales et internationales ont rejoint le projet. Plus de 250 établissements y participent à ce jour et le fonds – a priori infini – compte maintenant environ 4 000 œuvres, auxquelles s’ajoutent des compléments, notamment des cartels explicatifs.

De manière générale, le dispositif plaît beaucoup aux enseignants, qui le trouvent très pratique et riche d’activités possibles.

B. Beautier

Gratuit et ouvert à tout le monde, le Musée numérique peut se pratiquer en solitaire ou en petit groupe. Cette seconde option prend la forme d’une visite thématisée, à la fois pédagogique et ludique, conduite par une ou deux personnes. L’outil apparaît alors comme un vecteur ultramoderne d’éducation artistique et culturelle, susceptible d’éveiller l’intérêt des plus jeunes. « De manière générale, le dispositif plaît beaucoup aux enseignants, qui le trouvent très pratique et riche d’activités possibles », confirme à ce sujet Barbara Beautier, responsable opérationnelle Micro-Folie pour la région Île-de-France.

500 exemplaires partout en France

En sus du Musée numérique, une Micro-Folie peut inclure des modules additionnels, dont un espace de réalité virtuelle (avec une sélection de contenus immersifs), un studio photo, un atelier « FabLab » dédié à la créativité high-tech (avec ordinateurs, imprimantes 3D et autres machines à coudre numériques) et un espace scénique permettant d’accueillir des événements bien réels (conférences, spectacles, etc.).

On compte aujourd’hui 500 Micro-Folies, réparties un peu partout en France. Une cinquantaine se trouvent à l’étranger, montées principalement via les réseaux des Alliances françaises et des Instituts français. Inaugurée début octobre, la 500e semble doublement symbolique : elle est en effet la première à prendre place dans un établissement pénitentiaire, en l’occurrence celui de Fleury-Mérogis – le plus grand d’Europe.

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Adaptée aux contraintes carcérales, en particulier quant à la sécurité informatique, et installée dans une salle de classe du centre scolaire de la prison, cette Micro-Folie très spécifique se compose exclusivement du Musée numérique. Une partie seulement des personnes détenues – environ 800 sur plus de 4 000 – sont concernées pour le moment. Menée en collaboration étroite avec l’Éducation nationale et le Service pénitentiaire d’insertion et de probation, l’initiative s’intègre aux projets conçus dans la perspective de la sortie de détention et de la réinsertion. Si l’expérience se révèle probante, elle pourrait être étendue ensuite à d’autres établissements pénitentiaires.

Politique culturelle
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