« The 8th cumming » : 8e ciel

Le quatuor féminin new-yorkais cumgirl8 sort un excellent premier album.

Jérôme Provençal  • 16 octobre 2024 abonné·es
« The 8th cumming » : 8e ciel
Niveau musical, il faut imaginer la collision entre post-punk distordu et électroclash, genre hybride apparu au début des années 2000.
© Charlie Knepper

The 8th cumming (4AD/Beggars) / En concert le 10 novembre au Sonic, à Lyon, et le 28 novembre au Point éphémère, à Paris.

Alors composé de Veronika Vilim (guitare), Lida Fox (basse) et Chase Noelle (batterie), cumgirl8 a démarré sa turbulente épopée en 2019. Après avoir publié un mini-album inaugural, cumgirl8 (2020), le trio est devenu un quatuor avec l’arrivée d’Avishag Rodrigues (guitare). Sans meneuse désignée, les quatre musiciennes contribuent toutes aux parties vocales.

Se réclamant du cyberféminisme, le groupe – dont le nom s’inspire, avec ironie, de pseudos utilisés sur des sites internet X (« cum » signifiant « sperme » ou « jouir ») – génère un monde virtuel haut en couleur qui brocarde allégrement le patriarcat et ouvre grand l’horizon du futur.

Niveau musical, il faut imaginer la collision entre du post-punk bien (dis) tordu et de l’électroclash, tumultueux genre hybride apparu au début des années 2000. Autant dire que ça secoue souvent sévèrement. Des illustrations flamboyantes, qui semblent provenir de vigoureux trips sous acide, offrent en outre d’idéales traductions graphiques de leurs remuantes offensives soniques.

Fulgurance, prestance, puissance

Vite repéré grâce à ses premiers enregistrements, le mini-album mentionné plus haut et l’EP RIPcumgirl8 (2021), le quatuor – par ailleurs réputé pour ses concerts intenses – a rejoint les rangs du prestigieux label anglais 4AD, via lequel il a d’abord lancé un EP bien corsé, phantasea pharm (2023). Arrive maintenant son premier véritable album, the 8th cumming, titre que l’on peut traduire par « la 8e jouissance ». En tout cas, le contenu nous transporte à proximité immédiate du 7e ciel, dès le trépidant morceau introductif, « Karma Police », qui s’ouvre sur cette annonce prometteuse : « I’m gonna vomit all over my face » (« Je vais vomir partout sur mon visage »).

Évoquant tout du long diverses aînées émancipées (Lizzy Mercier Descloux, The Slits, Bikini Kill, Peaches, Chicks On Speed…), cumgirl8 propulse ensuite neuf autres impeccables morceaux, dont le ravissant « mercy », l’ultra percutant « uti », le tournoyant « girls don’t try » (savoureux clin d’œil à The Cure inclus), le fracassant « iBerry » et l’entêtant « something new ». De haut vol(t), l’ensemble concilie superbement fulgurance électrique, prestance mélodique et puissance rythmique.

Musique
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