Pour libérer enfin Georges Ibrahim Abdallah
Le Libanais Georges Ibrahim Abdallah va entamer sa 41e année de détention. La justice devra se prononcer bientôt sur une nouvelle demande de libération. José Navarro, militant pour la libération du combattant de la cause palestinienne, fait le point.
Samedi 14 septembre, je participais à l’inauguration du village du monde à la Fête de l’Humanité. Fabien Gay, le directeur du quotidien fondé par Jaurès, prit la parole en présence d’Angela Davis et d’Hala Abou Assira, ambassadrice de la Palestine en France. Il évoqua, et ce fut particulièrement émouvant, le sort de deux « prisonniers politiques », rappela-t-il. Il s’agissait de Mumia Abu-Jamal, incarcéré dans le couloir de la mort aux États-Unis depuis 42 ans, et de Marwan Barghouti, enfermé dans les geôles israéliennes depuis 26 ans.
Représentant d’un collectif actif depuis quinze ans dans les Hautes-Pyrénées, j’avais fait le déplacement pour évoquer, aux côtés d’Elsa Faucillon (députée PCF) et d’Andrée Taurinya (députée LFI), le sort d’un autre prisonnier politique : Georges Ibrahim Abdallah, incarcéré en France depuis 1983, alors qu’il est libérable depuis un quart de siècle ! Il entamera en octobre sa 41e année de détention.
Son histoire, méconnue dans notre pays, est celle d’un déni et d’une ignominie. Georges Ibrahim Abdallah, citoyen Libanais, combattant de la cause palestinienne, fut condamné à perpétuité en 1987. Son procès se déroula dans une ambiance délétère : l’année précédente, Paris venait de subir, rue de Rennes, le dernier attentat d’une série d’explosions et de prises d’otages qui ensanglantèrent la capitale. Le nom de Georges Ibrahim Abdallah et de sa famille fut livré en pâture par les services de sécurité intérieure français ; la presse dans son ensemble, du Monde à Libération en passant par Le Figaro, reprenant la thèse d’une famille Abdallah responsable.
Des organisations appellent à manifester pour libérer Georges Ibrahim Abdallah, samedi 26 octobre à 14 heures à la prison de Lannemezan (Hautes-Pyrénées), où il est détenu. Âgé de 73 ans, le militant communiste libanais, défenseur de la cause palestinienne, n’a pas quitté sa cellule depuis 1984. Covoiturage prévu depuis plusieurs villes de France.
Ces attentats furent commandités par l’Iran : c’est une vérité officielle depuis de nombreuses années. Georges Ibrahim Abdallah n’y était rigoureusement pour rien. L’ancien directeur de la DST, Yves Bonnet, s’est exprimé longuement à ce sujet, affirmant que Georges Abdallah devait être libéré. Il en va de même du magistrat antiterroriste Alain Marsaud.
Nous attendons toutes et tous que ce déni de droit et d’humanité prenne fin.
En 2003 et 2012, l’autorité judiciaire française donna son accord à la demande de libération conditionnelle déposée par Georges Ibrahim Abdallah. Cette libération devait être assortie d’un arrêté d’expulsion signé du ministre de l’Intérieur. Mais par deux fois, le gouvernement français s’y refusa. En 2013, Manuel Valls ne donna aucune explication à son refus. On sait désormais, par l’intermédiaire des documents publiés par Wikileaks, qu’Hillary Clinton, secrétaire d’État des États-Unis sous Barack Obama, intervint directement auprès de Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères de François Hollande, pour signifier son désaccord avec cette libération.
Grâce à l’action constante des militants de base, de la campagne unitaire pour sa libération, à l’implication des parlementaires Andrée Taurinya, André Chassaigne, Éric Coquerel, Elsa Faucillon et d’intellectuels comme Annie Ernaux, Frédéric Lordon, Lydie Salvayre, Gérard Mordillat, Robert Guédiguian, Alain Gresh, Corinne Masiero, ou encore le regretté Henri Leclerc, le sort de Georges Ibrahim Abdallah n’est plus ignoré. Des médias comme France Inter, Blast, Le Média ont consacré des reportages à cette situation inacceptable.
Le 7 octobre prochain, la justice tranchera une nouvelle fois sur cette demande de libération, déposée en juin 2023 par son avocat. Le juge d’application des peines se déplacera au centre pénitentiaire de Lannemezan pour y entendre Georges Ibrahim Abdallah. Une décision devrait être prise dans les jours qui suivent. Nous attendons toutes et tous que ce déni de droit et d’humanité prenne fin. Car sans cela, s’instaurerait, dans notre pays, une peine de mort lente, qui ne dit pas son nom.
Des contributions pour alimenter le débat, au sein de la gauche ou plus largement, et pour donner de l’écho à des mobilisations. Ces textes ne reflètent pas nécessairement la position de la rédaction.
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