(S’)offrir des livres
Où notre chroniqueur toujours de bonne humeur conseille des livres pour les fêtes de fin d’année, dont deux polars écrits par des maîtres du genre. Question polar, décidément, ce sont souvent les vieux cuiseurs qui font encore la meilleure soupe.
dans l’hebdo N° 1837 Acheter ce numéro
Noël approche, et on va donc pouvoir (s’)offrir des livres (1) : c’est la bonne nouvelle. En voici trois – et voici aussi la mauvaise nouvelle : on n’a, pour en parler, que l’espace misérablement congru des 3 000 signes (espaces compris) de cette chronique (2).
Par exemple à celles et ceux, nombreuses et nombreux, qui dans nos si sombres temps n’ont pas forcément les moyens de les acheter.
Dont on quémande depuis le lendemain de l’armistice de 1375 qu’elle soit un peu élargie.
Deux romans policiers, d’abord. Écrits par deux maîtres du genre (évidemment états-uniens) qu’on suit ici depuis de longues années – car pour ce qui serait du polar, décidément, ce sont souvent les vieux cuiseurs qui font encore la meilleure soupe.
Michael Connelly est parfois inégal : on n’avait pas été complètement convaincu par son dernier livre. Celui-ci (3), en revanche, est un excellent millésime, qui ravira doublement (et plus si affinités) ses fidèles, puisqu’on y retrouve ses deux plus attachants héros : l’ex-inspecteur du Los Angeles Police Department Hieronymus « Harry » Bosch, lancé ici – comme souvent – dans la résolution d’une affaire trop vite classée (et la possible correction d’une injustice), et son demi-frère Mickey Haller, also known as « l’avocat à la Lincoln ». Lecture hautement recommandée.
Michael Connelly, Sans l’ombre d’un doute, traduit de l’américain par Robert Pépin, Calmann-Lévy, 380 pages, 22,90 euros.
Après l’ultraviolence de ses dernières aventures (qui l’avaient mené jusqu’au Mexique), on éprouve quelque chose comme du soulagement à retrouver, sous la plume toujours alerte de Craig Johnson, le shérif Walt Longmire, qui reste l’un des plus attachants héros de la littérature policière yankee, dans le décor presque (presque) apaisé de son comté (imaginaire) d’Absaroka, Wyoming, pour une enquête de facture somme toute classique en forme de plongée, ô combien édifiante, dans la double mémoire – l’une blanche, l’autre autochtone – du sanguinaire général George Armstrong Custer, tué à Little Big Horn par la résistance indienne-américaine, le 25 juin 1876 (4).
Craig Johnson, Le Dernier Combat, traduit de l’américain par Sophie Aslanides, Gallmeister, 416 pages, 24,90 euros.
Un vrai coup de cœur, pour finir, dans un genre très différent : Chien du heaume, de Justine Niogret, initialement paru en 2010, et republié – excellente idée – chez J’ai lu (5). C’est, pour le dire (très) vite, de la fantasy « médiévale », où l’on suit, dans sa quête de son nom – qu’elle n’a jamais su –, une jeune mercenaire au caractère aussi durement trempé que le fer de sa hache de guerre (et au vocabulaire aussi fleuri que réjouissant).
Justine Niogret, Chien du heaume, J’ai lu, 223 pages, 8,20 euros.
Tout est rude, dans son monde « qui s’éteint » – dans son « époque de combats » et « de rires » et « de feux ». Mais l’autrice nous dit et montre aussi, de fort belle manière, toute une profonde humanité, pétrie aussi d’attention(s) et de sensibilité(s) – et cela, évidemment, éveille quelques échos dans notre époque.
Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.
Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.
Faire Un Don