Quatre cents jours

Cela fait quatre cents jours que nous assistons, individuellement et collectivement, à l’extermination des Gazaoui·es. Et la victoire de Trump est la promesse d’un blanc-seing donné à Israël pour de nouvelles boucheries.

Sébastien Fontenelle  • 12 novembre 2024
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Quatre cents jours
Frappe israélienne à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 10 novembre 2024.
© Omar AL-QATTAA / AFP

L’autre jour, Pierre Jacquemain, also known as le réd chef, m’a très urbainement demandé si j’étais d’accord pour consacrer cette chronique à un sujet touchant de près ou de loin à la victoire de Donald J. Trump, vainqueur de l’élection présidentielle états-unienne, et je lui ai bien évidemment répondu qu’yes, I could – et d’autant plus facilement, me suis-je dit après m’être tout de même accordé un délai de réflexion de quelques secondes, que tous les sujets, ou presque, ont désormais à voir, de près ou de loin, avec l’élection de ce « néofasciste », comme l’appelle très justement l’historienne américaine Joan W. Scott dans une tribune publiée la semaine dernière par Libération.

Sur le même sujet : Donald Trump, le retour du meilleur allié des suprémacistes israéliens

On sait ainsi que Benyamin Netanyahou, qui n’a pas oublié ce qu’il a déjà fait pour l’extrême droite israélienne durant son mandat précédent, espérait que Trump l’emporterait, et qu’il s’est, après avoir acclamé sa victoire – où il voit peut-être la promesse d’un blanc-seing pour de nouvelles boucheries et de possibles guerres –, entretenu à trois reprises avec le nouveau Potus (1), et qu’il se targue d’avoir notamment parlé avec lui, lors de ces entretiens, et pendant que son armée continuait à massacrer des Palestinien·nes (et désormais des Libanais·es), des « grandes occasions opportunes qui s’offrent à Israël, dans le domaine de la paix et de son expansion » : le cynisme abject, lorsqu’il est porté à de telles hauteurs, devient quelque chose que les mots ne suffisent plus à dire.

1

President of the Unites States of America.

À l’heure dominicale où j’écris ces lignes, et c’est à cela que je voulais en venir : ce génocide dure depuis quatre cents jours.

Répétons cela un peu lentement et distinctement : cela fait quatre cents jours que nous assistons, individuellement et collectivement, à l’extermination des Gazaoui·es.

Quatre cents jours que, tous les matins – tous les matins – nous découvrons, au réveil, que de nouvelles atrocités ont été perpétrées pendant que, malgré tout, nous dormions.

Quatre cents jours qu’après cela nos journées sont, presque toutes les heures, ponctuées par les annonces de nouveaux meurtres de masse à Gaza – et désormais au Liban.

C’est une abomination qui pèse d’un poids gigantesque sur nos vies.

C’est une abomination, qui pèse évidemment d’un poids gigantesque sur nos vies ; d’un poids d’autant plus accablant que nous savons qu’il n’est rien au regard de ce que subissent les habitant·es de ces enfers sur Terre, et que vient renforcer encore le constat, quotidien lui aussi, que les manifestations de soutien aux Palestinien·nes font chez nous l’objet d’une répression toujours plus féroce et toujours plus extravagante, et que des propagandistes devenu·es inaccessibles à la plus simple humanité continuent cependant d’exiger qu’elle soit encore durcie.

On pourra dire, peut-être, que l’évocation de ces horreurs nous a emmené·es un peu loin de l’élection de Donald J. Trump – mais à y penser de près : on n’en jurerait pas.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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