« Le mal-logement ne peut plus figurer dans la liste des maux du XXIe siècle »
Ce 7 novembre débute le procès du drame de la rue d’Aubagne à Marseille, qui, en 2018, a provoqué la mort de 6 personnes. La Confédération nationale du logement, via son président Eddie Jacquemart, appelle dans une tribune à faire du mal-logement une grande cause nationale.
Ce jeudi 7 novembre débute le procès du drame de la rue d’Aubagne qui, en 2018, a provoqué la mort de 6 habitant·e·s. Mort·e·s de vivre dans un logement insalubre, victimes des agissements de vendeurs de sommeil… Six ans après, l’émotion comme la colère restent intactes. À l’époque, avec d’autres associations de locataires et riverains marseillais, la CNL avait lancé le hashtag #BalanceTonTaudis et initié une enquête citoyenne pour que les témoignages sur la mal-logement affluent et que les voix des habitant·e·s se libèrent : que la peur change de camp !
Il y a quelques jours, je faisais partie des 40 responsables d’associations, de syndicats, de comités d’habitant·e·s, artistes et intellectuel·le·s appelant à poursuivre la mobilisation car, avec 1,3 millions de personnes exposées au mal logement en France et 19,2 millions en Europe, le drame de la rue d’Aubagne n’est pas un fait divers dramatique mais bien un fléau rattaché à la précarité et la pauvreté qu’il est urgent d’éradiquer.
La justice fait son œuvre à Marseille. Il apparaît de plus en plus clair que la lutte contre le logement indigne se percute avec celle contre des réseaux criminels et des pratiques mafieuses de gérants et propriétaires qui exploitent et tirent profit des personnes vulnérables et des travailleurs non déclarés. C’est pourquoi, la lutte contre l’insalubrité et le logement indigne doit s’intensifier et être hissée au rang de grande cause nationale.
Il est aujourd’hui de la responsabilité de l’État d’agir pour garantir à chaque habitant·e un logement décent et abordable. D’abord en se réengageant dans l’aide à la pierre et en initiant un plan massif de construction et de rénovation de logements sociaux de manière à répondre à la demande croissante et à lutter contre le sans-abrisme.
La CNL propose la création du délit de ‘mal-vivre’ pour sanctionner ces propriétaires bailleurs qui refusent de faire des travaux de rénovation.
Dans le gouvernement Barnier, des Ministres comme messieurs Retailleau et Kasbarian, qui ont le verbe facile et la métaphore répressive quand il s’agit de sanctionner les catégories sociales les plus fragiles, feraient bien de s’attaquer aux véritables fraudeurs.
La CNL les exhortent à retirer immédiatement les logements indécents et insalubres du marché locatif et à obliger les propriétaires à réaliser les travaux de rénovation, soit en œuvrant à la confiscation des loyers par la Caisse des dépôts et des consignations soit en instaurant un malus sur la taxe foncière pour les propriétaires occupants qui ne respecteront pas les obligations de rénovation de la copropriété.
La CNL propose aussi la création du délit de « mal-vivre » pour sanctionner ces propriétaires bailleurs qui refusent de faire des travaux de rénovation et de les mettre sous tutelle au nom de la mise en danger de la vie des locataires, également sur le critère de mise en péril environnemental.
S’agissant du permis de louer, la CNL propose son extension sur l’ensemble du territoire national et à toutes les situations locatives (résidences principales vides ou meublées ou baux saisonniers et logements sociaux). Elle revendique encore la création d’un observatoire national des permis de louer où siègent les associations représentatives des locataires.
Enfin la lutte contre le logement indigne s’inscrit dans une bataille plus générale pour le logement pour toutes et tous et pour la CNL, cela implique le renforcement du logement social et public ainsi que la création d’une sécurité sociale du logement.
Aujourd’hui les politiques du logement social sont dictées par le marché du logement privé ce qui a pour conséquence de faire exploser les loyers et les charges. La CNL milite pour imposer le gel des loyers et en finir avec l’explosion des charges et des factures énergétiques ; elle est favorable à l’extension de l’encadrement des loyers sur l’ensemble du territoire national.
« Je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu’on peut détruire la misère. Remarquez-le bien, messieurs, je ne dis pas diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire, je dis détruire. » affirmait Victor Hugo en 1849 devant l’Assemblée nationale. Je suis de ceux qui pensent que le mal logement ne peut plus figurer dans la liste des maladies mortelles, des plaies et des maux du XXIe siècle, que la France comme l’Europe ont les moyens humains et financiers d’assurer son éradication et que c’est maintenant qu’il faut agir.
Des contributions pour alimenter le débat, au sein de la gauche ou plus largement, et pour donner de l’écho à des mobilisations. Ces textes ne reflètent pas nécessairement la position de la rédaction.
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