Donald Trump, le retour du meilleur allié des suprémacistes israéliens
Le gouvernement d’extrême droite israélien applaudit la victoire de son grand soutien idéologique. Lequel avait démontré, lors de son premier mandat de 2016 à 2020, sa volonté d’effacement des droits du peuple palestinien.
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Pourquoi les Démocrates ont perdu l’élection présidentielle Y a-t-il une gauche aux États-unis ? Post-vérité : comment Trump irradie en France Défaite de Kamala Harris : secousses dans la gauche françaiseLa nette victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle du 5 novembre, outre « un retour historique à la Maison Blanche, offre un nouveau départ pour l’Amérique et un réengagement puissant en faveur de la grande alliance entre Israël et l’Amérique. C’est une immense victoire », a très vite tweeté sur X Benyamin Netanyahou, le premier ministre israélien.
Après près de 400 jours de massacre de la population de Gaza et alors que les bombardements israéliens se poursuivent du sud au nord du Liban, l’extrême droite suprémaciste au pouvoir à Tel-Aviv se réjouit de la victoire de leur allié idéologique, politique, diplomatique, économique et militaire à Washington. Non que Joe Biden leur ait fait défaut, ne ménageant ni son soutien diplomatique inconditionnel – notamment aux Nations unies –, ni l’aide économique et militaire des États-Unis à Israël, ni la répression contre tout mouvement de solidarité avec le peuple palestinien et ses droits individuels et nationaux, en particulier dans les universités.
Non que Kamala Harris ait envisagé de dévier d’une telle orientation, en dépit des critiques massives dans le camp démocrate, et ce qui lui a probablement fait perdre une partie de ses potentiels électeurs. Mais pour l’extrême droite israélienne, la victoire de Donald Trump ressemble plus encore à une garantie de coopération à leur volonté d’effacement de la présence palestinienne – ou à tout le moins des droits du peuple palestinien sur la terre de Palestine –, de conquête territoriale, d’écrasement de toute forme de résistance dans toute la région, voire d’affrontement direct avec l’Iran.
Soutien indéfectible de Kamala Harris
« Palestinian lives matter » : les voix des Palestiniens comptent, ont scandé des milliers de manifestants, en référence au mot d’ordre « Black lives matter », tout au long de grands rendez-vous de campagne de Kamala Harris. Si la candidate démocrate avait assuré que les Palestiniens ont droit « à la dignité, la sécurité, la liberté et l’autodétermination », elle n’avait pas pour autant défendu la nécessité d’un cessez-le-feu à Gaza et en Cisjordanie contre la libération des otages israéliens en même temps que des prisonniers palestiniens.
Le gouvernement israélien préfère un allié idéologique à la Maison Blanche qui a fait la preuve (…) de sa volonté d’intervention pour liquider les droits palestiniens.
Elle n’avait pas dénoncé la volonté israélienne d’un contrôle de l’enclave palestinienne réduite en cendres et de « couloirs » coupant le nord du sud de la bande de Gaza et contrôlant la frontière égyptienne, ni les annexions de facto de terres de Cisjordanie dont sont chassés les habitants palestiniens. Plus de 43 000 Palestiniens de Gaza ont été assassinés, outre ceux dont les corps gisent sous les ruines, plus de 100 000 autres sont blessés, la population survit dans les décombres, résistant à la famine, à la soif, aux épidémies, à l’absence de médicaments, d’abris, à la destruction des écoles et des hôpitaux.
Tout le nord de l’enclave est assiégé sans qu’aucune aide humanitaire ne passe depuis plusieurs semaines, des soldats filment comme des trophées la déshumanisation qu’ils imposent à toute une population civile, toute la population libanaise est, elle aussi, sous les bombes, et des édifices de villes comme Ba’albeck, inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco, subissent le feu israélien.
Mais Kamala Harris avait malgré tout confirmé la pérennité de l’accord sur la livraison d’armes à Israël pour 3,8 milliards de dollars en cas de victoire électorale. Elle n’avait pas davantage annoncé une aide à l’Unrwa, l’agence des Nations unies de secours et de travaux pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient, malgré l’interdiction illégale de son activité par Israël sur le territoire qu’il contrôle, et alors que l’agence est indispensable à la survie de la population.
Donald Trump 1 : liquider les droits nationaux du peuple palestinien
Mais le gouvernement israélien préfère un allié idéologique à la Maison Blanche qui a fait la preuve, lors de son premier mandat, de sa volonté d’intervention pour liquider les droits palestiniens, au point de récuser des décennies de diplomatie bipartisane, certes de soutien total à Israël, mais qui affirmait en théorie le droit à l’autodétermination du peuple palestinien.
Avec la résolution 194 votée le 11 décembre 1948, à la veille de l’admission d’Israël aux Nations unies, l’Assemblée générale affirmait le droit des quelque 800 000 réfugiés palestiniens chassés de chez eux au retour sur leurs terres et à une compensation pour les dommages causés. Une décision restée comme tant d’autres lettre morte.
L’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa en anglais), établi en décembre 1949, répond depuis aux besoins économiques et sociaux des réfugiés palestiniens et de leurs enfants, à qui Tel-Aviv interdit tout retour, et garantit de fait leur statut. Dès le 31 août 2018, c’est aux droits des réfugiés palestiniens que s’attaquait Donald Trump, en annonçant cesser tout financement à cette organisation.
Il s’agissait alors pour Donald Trump de soutenir la volonté israélienne de liquider les droits des réfugiés, et de faire pression sur la partie palestinienne en les asphyxiant pour qu’elle finisse par accepter un plan dit « de paix », en pratique de renoncement à son droit à l’autodétermination.
Ce plan prévoyait notamment l’annexion de la majorité des colonies israéliennes pourtant toutes illégales, et le renoncement des Palestiniens à faire de Jérusalem-Est leur capitale. C’est dans cette perspective que Donald Trump avait annoncé, le 6 décembre 2017, en violation du droit international, agréer l’annexion de Jérusalem-Est par Israël et qualifié toute la ville de capitale israélienne. Le 14 mai 2018, en dépit des massacres de manifestants gazaouis pacifiques pour le droit au retour, l’administration des États-Unis transférait en grande pompe son ambassade en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem.
Donald Trump, qui avait aussi fermé le bureau de l’OLP à Washington et suspendu son aide financière à l’Autorité nationale palestinienne, ne s’en est pas contenté. Il a fait étiqueter « made in Israël » les produits importés des colonies illégales. En mars 2019, il violait de nouveau le droit international en agréant comme israélien le Golan syrien, illégalement occupé et annexé.
Dans la même veine, les États-Unis se retiraient du Conseil des droits humains des Nations unies et mettaient fin à plusieurs accords internationaux. Ainsi de l’accord de Paris sur le climat et de l’accord avec l’Iran, lequel prévoyait la levée des sanctions, en échange du renoncement de Téhéran à son programme nucléaire susceptible de concurrencer les bombes nucléaires israéliennes.
Donald Trump a aussi favorisé la normalisation des relations diplomatiques et économiques entre Israël et les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc malgré l’absence de perspective pour le peuple palestinien, et tenté d’arracher un accord de même nature avec l’Arabie saoudite.
Son gendre, Jared Kushner, est aussi le promoteur du projet d’accord, dit « accord du siècle » entre Israéliens et Palestiniens, qui n’aurait laissé à ces derniers, en échange de quelques promesses économiques, qu’une souveraineté limitée sur leur État, par ailleurs réduit par l’annexion d’une grande partie de la Cisjordanie par Israël. Liquidant, de fait, toute revendication d’indépendance. Comment les Palestiniens auraient-ils pu l’accepter ?
Donald Trump 2 : la poursuite du génocide
Donald Trump candidat a promis de « revenir » (sic) à « la paix » en se prétendant négociateur. Mais la paix n’est ni l’occupation, ni la colonisation, ni la paix des cimetières… Il continue de soutenir les positions de Tel-Aviv concernant Gaza, que l’extrême droite au pouvoir n’entend plus seulement assiéger – comme durant les décennies qui ont précédé le massacre en Israël du 7-Octobre – mais recoloniser.
Il continue de soutenir les ambitions coloniales meurtrières israéliennes en Cisjordanie. Il souhaite un cessez-le-feu au Liban, lequel passerait par le déploiement de l’armée libanaise dans les zones du Hezbollah, mais aussi la possibilité pour Israël d’opérer sur le territoire.
Benyamin Netanyahou souhaite de longue date en finir avec le pouvoir en place à Téhéran. Il multiplie les frappes directes pour provoquer une guerre globale qui lui permettrait aussi de se maintenir au pouvoir. Jusqu’à présent sans réel succès. Donald Trump, de son côté, considère qu’une guerre à ce niveau coûterait cher et préfère alourdir encore les sanctions économiques.
Le futur vice-président, James David Vance s’affiche de même comme un soutien inconditionnel de la politique à Tel-Aviv. Il est vrai que sa candidature au poste de sénateur de l’Ohio, voici deux ans, avait largement été financée par l’investisseur Peter Thiel, cofondateur de Palantir Technologies, outil de renseignement et de défense utilisé par les militaires, servant aux États-Unis ou en Israël. James David Vance, qui interroge la poursuite de l’aide à l’Ukraine, soutient en revanche sans réserve la guerre contre Gaza.
Pourtant, en visite en Israël, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a déclaré ce 7 novembre voir une « perspective » pour arrêter les guerres à Gaza et au Liban après l’élection d’un « nouveau président américain » qui aurait, dit-il, la « volonté d’en finir avec les guerres interminables au Moyen-Orient »…