« n degrés de liberté » : sept acteurs font cause commune
Thylda Barès et son In Itinere Collectif font de la Commune la base d’un langage théâtral singulier.
dans l’hebdo N° 1838 Acheter ce numéro
n degrés de liberté / 30 novembre, Scène de recherche ENS Paris-Saclay, Gif-sur-Yvettes (91).
Lorsqu’en France la révolution s’invite sur les plateaux de théâtre, il s’agit le plus souvent de celle de 1789. Cet événement a donné lieu à quelques spectacles qui marquèrent l’histoire de leur discipline, parmi lesquels celui d’Ariane Mnouchkine en 1970, et Ça ira (1) Fin de Louis de Joël Pommerat en 2015.
Le jeune In Itinere Collectif, dirigé par Thylda Barès et Paul Colom, a beau s’atteler lui aussi à transposer sur scène la théâtralité propre à ce type de soulèvement, il le fait d’une façon tout autre. Consacré à un épisode moins célébré au théâtre, celui de la Commune de Paris, son spectacle n degrés de liberté témoigne davantage d’un désir d’approcher les sensations du passé que d’en relater les grandes heures.
Les comédiens prennent le temps d’expliquer d’où ils parlent, qui ils sont.
Les sept interprètes du spectacle y vont avec toute l’humilité qu’est celle d’une jeune compagnie de théâtre dans un monde où l’utopie est de plus en plus difficile à faire naître. Avant de se plonger dans l’expérience de démocratie directe de 1871, en commençant par la fin de la Commune et en ne cessant pas ensuite de naviguer à leur gré parmi ses soixante-douze jours, les comédiens prennent le temps d’expliquer d’où ils parlent, qui ils sont.
Rituel
Ils disent leur peu de connaissances sur ce moment de l’histoire lorsqu’ils commencent à s’y pencher, puis la comédienne Mahtab Mokhber s’avance pour rendre hommage au mouvement Femme, Vie, Liberté, qui a vu les femmes de son pays, l’Iran, protester contre les discriminations dont elles sont victimes. Les artistes, qui sont de cinq origines différentes – le multiculturalisme est l’un des principes centraux d’In Itinere – rejoignent alors un tréteau de deux mètres carrés.
Ils ne cherchent pas à reconstituer sur cet espace minuscule des images du passé : la forme qu’ils déploient est pensée en fonction de cette contrainte, et donc étroitement liée au présent. Le geste est au cœur de n degrés de liberté, dont les tableaux successifs évoquent sans tenter de les illustrer des aspects différents de la Commune : des débats où les ouvriers et les femmes réclament des droits, la construction de barricades mais aussi des scènes de rue ou même de boulangerie…
Nourrie par l’idée de tempête, la chorégraphie singulière et très précise de la pièce évoque un rituel pour réactiver les forces qui ont un jour fait se lever des poings.