Tous les dégoûts sont sur le net
Plusieurs acteurs de l’espace numérique français, oscillant entre l’extrême droite, l’ultralibéralisme et le masculinisme, sont aujourd’hui des têtes d’affiche, suivies par des millions de personnes. Petit tour d’horizon de ces « influenceurs ».
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Dans le même dossier…
Les « tradwives », entre antiféminisme et soumission Pop et facho, l’extrême droite captive les jeunes sur les réseauxPapacito
Instagram : 103 000 abonnées ; banni de X (ex-Twitter) et de YouTube
Papacito, de son vrai nom Ugo Gil Jimenez, est un youtubeur toulousain connu pour ses prises de position d’extrême droite. Actif depuis 2012, il s’est d’abord fait connaître avec un blog provocateur, avant de passer à YouTube, où il critiquait la « bien-pensance » et prônait une vision viriliste de la société. En 2021, avec un autre vidéaste spécialiste des armes à feu, il publie une vidéo dans laquelle ils tirent sur un mannequin représentant un électeur de gauche. Il est banni de YouTube en 2023 après plusieurs avertissements. En 2024, il a été condamné pour injures homophobes et incitation à la violence contre un maire qui avait dû être placé sous protection policière. Papacito revendique un attachement au catholicisme, à la ruralité et au nationalisme. Avec Laurent Obertone, Marsault et Laura Magné, ils lancent en 2022 le magazine d’extrême droite Furia.
Le Raptor
YouTube : 704 000 abonnés, 42 millions de vues cumulées
Ismaïl Ouslimani, alias Le Raptor, ancien fer de lance de la fachosphère française sur YouTube,
a orchestré un retour remarqué en septembre 2024, après plus d’un an de retrait. Connu pour ses vidéos virulentes et provocatrices depuis 2015, il enchaîne les propos misogynes, pro-Zemmour et appelle au cyberharcèlement. En 2022, il lance sa marque de compléments alimentaires, Raptor Nutrition. Il propose aussi des programmes de coaching sportif coûtant jusqu’à 297 euros avec ebooks et vidéos. Dans sa dernière vidéo climatosceptique de plus d’une heure, il cumule les raccourcis fallacieux et complotistes.
Oussama Ammar
Instagram : 170 000 abonnés ; Youtube : 141 000 abonnés ; LinkedIn : 150 000 abonnés
Oussama Ammar est un entrepreneur et influenceur basé à Dubaï. Dans une de ses prises de parole, il se vante d’être le « pire cauchemar des écolos ». Il apparaît régulièrement dans des débats où il parle
de culture, d’amour ou de politique, mais toujours avec une vision ultralibérale. Dernièrement, il s’est affiché sur YouTube avec Thaïs d’Escufon ou encore Le Raptor.
Tibo InShape
YouTube : 25 millions d’abonnés Instagram : 13,4 millions d’abonnés; X : 1,4 million d’abonnés ; TikTok : 14,8 millions d’abonnés
Tibo InShape est un influenceur fitness sur YouTube, où il a construit un empire grâce à ses vidéos dynamiques axées sur la musculation, le bien-être et des défis humoristiques. En mai 2024, il devient le créateur le plus suivi de France sur YouTube, surpassant des figures comme Squeezie. Critiqué pour certaines prises de position, il déclare lors de la réélection de Barack Obama, dans un post Facebook : « Un Noir réélu, le mariage des homosexuels adopté. Ce sera pas une journée facile. » Lors des législatives de 2024, contrairement à d’autres influenceurs, Tibo InShape n’appelle pas à voter contre le RN et affirme être « de droite » dans un entretien pour Brut en juin dernier.
Dora Moutot
Instagram : 79 000 abonnés ; Instagram : 411 000 abonnés sur son compte « Tasjoui ?«
Dora Moutot est une influenceuse et autrice française connue pour son engagement dit féministe. Ancienne rédactrice en chef adjointe chez Konbini, elle a gagné en visibilité grâce à son compte Instagram « T’as joui ? », axé sur l’éducation à la sexualité féminine. Dora Moutot se définit comme « femelliste », soit : défendre les « réalités biologiques » et lutter contre le « transactivisme ». Avec Marguerite Stern, accusée aussi de transphobie, elle publie Transmania, qui mènera SOS Homophobie à porter plainte contre les deux femmes. Depuis, elle est régulièrement invitée par le média d’extrême droite Frontières.
Sardoche
Twitch : 1,2 million d’abonnés; X : 651 500 abonnés ; YouTube : 333 000 abonnés
Sardoche, streamer français bien connu sur Twitch, est souvent associé à des controverses marquantes. Critiqué pour ses propos impulsifs et ses comportements en ligne, il a, par exemple, été accusé à plusieurs reprises de masculinité toxique. Ces polémiques s’inscrivent dans un contexte où la protection des femmes sur ces plateformes est remise en question. En septembre 2024, le streamer, connu pour ses craquages en direct, réalise en plein live un schéma pour montrer « le niveau de sensibilité des femmes face aux hommes ».
Thaïs d’Escufon
YouTube : 220 000 abonnés, 42 millions de vues cumulées ; TikTok : 172 600 abonnés
Thaïs d’Escufon est une figure de l’extrême droite française, ancienne porte-parole de Génération identitaire, un groupe dissous en 2021. Connue pour ses actions médiatiques telles qu’une mission anti-migrants dans les Pyrénées la même année, elle a été condamnée pour une incursion violente à l’intérieur des locaux de SOS Méditerranée en 2018. Adepte de la thèse du « grand remplacement », elle affiche son soutien à Éric Zemmour. Aujourd’hui, elle se positionne comme influenceuse sur TikTok et YouTube, où elle mêle discours lifestyle, idéologie conservatrice et masculiniste. En août 2024, elle est recrutée par Europe 1 comme chroniqueuse dans l’émission de Cyril Hanouna « On marche sur la tête », mais sera mise de côté après un seul épisode.