On veut pas travailler

Où notre chroniqueur toujours de bonne humeur nous livre sa chronique finale pour Politis – qui clôt une liste de près de 600 –, avant de voguer vers d’autres horizons. Stay rude, stay rebel !

Sébastien Fontenelle  • 18 décembre 2024
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On veut pas travailler
© Crawford Jolly / Unsplash

L’on me dit que ce dernier numéro de l’année (qui est aussi le tout dernier pour lequel j’écris cette chronique, mais on y reviendra tout à l’heure) portera principalement sur le thème du temps libre.

Est-ce que j’ai quelque chose à dire là-dessus ? Oui, da : j’ai à dire qu’un de ces matins, il faudra quand même que nous nous décidions à comprendre que nous ne sommes bien sûr pas (du tout) fait·es pour l’insanité connue sous le nom de salariat – mais bien plutôt pour SPSLC (se prélasser sous le cocotier). Et qu’il faut par conséquent que nous réclamions enfin un rapide passage à la semaine de cinq heures de travail (payées 35, naturellement), assortie, il va de soi, de la retraite à 40 ans et à taux plein (à ras bord).

Rien ne nous interdira, alors, d’employer quelques-unes de ces heures de temps libéré à fomenter la chute finale du capitalisme.

En substance : on arrivera au boulot le lundi à midi, et à 17 heures on aura fini la semaine, de sorte qu’il nous restera six jours de temps libre, que nous passerons donc sous l’ombre bienfaisante d’un palmier – et toi, ça va ? (Notons cependant que rien ne nous interdira, alors, d’employer quelques-unes de ces heures de temps libéré à fomenter la chute finale du capitalisme, qui nous permettrait d’en finir définitivement avec l’odieuse obligation de travailler cinq heures par semaine – non mais ho, pour qui tu nous as pris, Bernard Arnault ?)

Ceci posé, et pour revenir au temps pas (complètement) libre : ça fait presque quinze ans que je tiens cette chronique, et si j’ai bien calculé sur mon boulier (en tenant compte du fait que mes compétences en arithmétique se limitent pour l’essentiel à la récitation d’une demi-table de multiplication par 1, et que je n’ai par ailleurs jamais su me servir d’un boulier), j’ai donc dû écrire ici pas loin de 600 billets. Une coquette somme, tavu ?

Celui-ci est le dernier : je pars ailleurs, pour de nouvelles aventures. (On s’y reverra, je n’en doute pas : tu feras une petite recherche sur le net, et tu trouveras le chemin.)

Ça va me manquer un peu de ne plus pouvoir écrire de phrases interminables blindées de parenthèses, de virgules et de tirets.

Est-ce que je vais continuer à lire Politis ? Sans nul doute, et j’escompte que chacun·e parmi toi renouvellera son abonnement autant de fois qu’il le faudra, parce que si tu te penches un peu par la fenêtre, tu vas très vite vérifier que la presse indépendante de qualité est devenue une espèce très, très rare, pour ne pas dire en danger – et que chaque contribution va compter si nous voulons, avant de les renvoyer aux poubelles de l’histoire du fascisme, tenir la ligne face aux milliardaires qui réinvestissent les fortunes dont l’État les gave par mille procédés dans le financement de « médias » fafs où la vérité des faits subit un traitement que même Orwell, dans ses pires cauchemars, n’aurait jamais osé imaginer. (J’avoue : ça va me manquer un peu de ne plus pouvoir écrire de phrases interminables blindées de parenthèses, de virgules et de tirets.)

Merci à vous tou·tes, lecteurs et lectrices, pour ces années d’échanges. Merci pour vos courriers – même quand c’était pour m’engueuler –, merci pour vos mots gentils quand on se croisait à la faveur d’une présentation de livre ou d’un débat public : ça a toujours beaucoup compté (1).

1

Merci à toi, Annick B., pour ta si jolie lettre reçue cette semaine.

À bientôt, stay rude, stay rebel, et que la Force soit avec nous.

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Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

Temps de lecture : 3 minutes
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