Volkswagen en grève : la fin d’un monde

Le conflit social qui commence chez le constructeur automobile montre que même le « modèle allemand » est arrivé dans une impasse.

Thomas Coutrot  • 4 décembre 2024
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Volkswagen en grève : la fin d’un monde
© Jo Photography / Unsplash

La situation économique et politique en France n’est pas glorieuse, mais le conflit social qui commence à Volkswagen montre que même le « modèle allemand » est arrivé dans une impasse. Ce « modèle » reposait sur la qualité de produits industriels haut de gamme (voitures, machines-outils, etc.), une main-d’œuvre industrielle stable, bien payée et hautement qualifiée, et un système de « codétermination » où le syndicat pesait sur les choix stratégiques. Le tout permettant des records d’exportation, en particulier vers la Chine.

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Ce compromis productiviste a connu un premier séisme il y a dix ans, avec le scandale des moteurs diesels truqués pour dissimuler leurs vraies émissions de polluants. Les ingénieurs avaient inventé un logiciel qui enclenchait le dispositif antipollution lors des tests de mesure des émissions, et l’arrêtait immédiatement après pour redonner toute sa puissance au moteur. La puissance du syndicat IG Metall n’avait en rien aidé les ingénieurs à résister à ces injonctions de leurs supérieurs : la croissance de l’emploi et des salaires passait avant l’écologie.

Une mobilisation conjointe des salarié·es et des défenseurs de la nature est la clé pour sortir du productivisme, en France comme en Allemagne.

Depuis, poussés par la Commission européenne, les constructeurs allemands puis européens ont enclenché une transition vers la voiture électrique. Mais, loin de viser une quelconque sobriété, ils ont développé des SUV toujours plus lourds et luxueux, bourrés d’électronique, de batteries aux « terres rares » et de connexions énergivores, le tout à nouveau sans protestations syndicales.

La montée de Tesla et des constructeurs chinois, et le ralentissement de la croissance chinoise ont mis à mal cette stratégie. Plombée par les 32 milliards d’amendes liées au scandale, la firme a perdu depuis un tiers de sa valeur boursière et les deux tiers de ses profits. Ce désastre n’est pas uniquement allemand : Renault et Stellantis ont aussi truqué leurs moteurs diesel, puis tenté la même stratégie du SUV électrique, avec bientôt les mêmes résultats.

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L’IG Metall propose un gel des salaires et la semaine de 4 jours en alternative aux licenciements. La CGT de la métallurgie, elle, conteste la stratégie industrielle des constructeurs. Elle propose des solutions de mobilité durable fondée sur la fabrication de véhicules électriques légers et la complémentarité entre modes de transport individuels et collectifs. Cette fédération continue à travailler avec Greenpeace et le Réseau action climat malgré le recul de la Confédération CGT, qui a quitté l’an dernier l’Alliance écologique et sociale. Une mobilisation conjointe des salarié·es et des défenseurs de la nature est la clé pour sortir du productivisme, en France comme en Allemagne.

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